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Affichage des articles du mars, 2020

Ars : Priez pour nous

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Curiosity de sacristie ? MK2 « au plus haut des cieux »… Demy avant Demy : film de commande pour Les Productions du Parvis, pardi, ultime court métrage précédant de deux ans le premier long Lola (1961), Ars (1959) se consacre – terme connoté – donc au célèbre curé, qui d’ailleurs détestait (voir) danser, cette citation explicite, utilisée, dut stupéfier le cinéaste : « Les personnes qui entrent dans un bal laissent leur ange gardien à la porte. Et c’est un démon qui le remplace ; en sorte qu’il y a bientôt dans la salle autant de démons que de danseurs », quel malheur. Demy lui-même démontrait une sévère lucidité envers son sujet, sa morale estimée « tout simplement effrayante », amen , son « fanatisme » pour ainsi dire truffaldien, mine de rien, puisque correspondance à distance entre le christique d’Ars et le critique de Arts  : « Un type qui prend la parole et qui parle un peu plus fort que les autres ». Éclairé avec subtilité par Lucien Joulin, DP des années 50, par ex

L’Ivresse du kangourou et autres histoires du bush : Des souris et des hommes

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Come-back dans l’ outback , Kenneth à l’aise…    Avant de succomber à la cinquantaine à une crise cardiaque, Kenneth Cook écrivit Frill-Necked Frenzy , recueil de textes courts paru l’année de son décès, en 1987. Devenu en français L’Ivresse du kangourou et autres histoires du bush , tant pis pour l’allitération évocatrice en VO, le clin d’œil à la « frénésie à collerette » du lézard homonyme, sorte de gremlin à la George Miller ( La Quatrième Dimension , 1983), de la nouvelle liminaire, dans les airs, cet ouvrage dépaysant et divertissant mérite d’être recommandé, surtout en cas de fichu confinement prolongé, many thanks again à l’amie britannique jouant les factrices fidèles. Je ne reviens pas ici sur ce que j’écrivis à propos de Réveil dans la terreur (Ted Kotcheff, 1971), relisez-moi ou pas, mais bien sûr l’ opus pour ainsi dire présent possède plusieurs points partagés avec le roman passé, adapté, à succès, en tout cas sa transposition de renom, sinon de malentendu

Ruby : Floride

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Mère amère, fille indocile, film imparfait, tout sauf futile… We didn’t need dialogue. We had faces! Norma Desmond She would never say where she came from Yesterday don’t matter if it’s gone The Rolling Stones Ruby (Curtis Harrington, 1977) sortit un an après Carrie  (Brian De Palma, 1976) : on y retrouve avec un plaisir ravi Piper Laurie, aussi diablement séduisante que la « diabolique » Traci Lords de New Wave Hookers (Gregory Dark, 1985), davantage dévêtue, autant portée sur le rouge. On reconnaît en outre une maternité très tourmentée, sise sous le sceau de la culpabilité, le gangstérisme désormais substitué au puritanisme, le maillet manié idem au gros couteau, et un renversant raccord axé, non plus sur une carotte en train d’être coupée, mais sur le visage terrifié de la principale intéressée. Ruby sortit dans le sillage excessif de L’Exorciste (William Friedkin, 1973) et cela se sent, s’entend, jusqu’au grenier partagé, même si sa contorsionniste

Les Femmes des autres : Miracle à Milan

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Possession à Amityville ? Exorcisme en Lombardie…   Vous appréciez Husbands (John Cassavetes, 1970) ? Vous aimerez Les Femmes des autres (Damiano Damiani, 1962), parfait contemporain du Fanfaron (Dino Risi, idem ) et davantage désenchanté, désespéré. Précieux, sinon audacieux, portrait de groupe d’une masculinité tourmentée, d’une féminité affirmée, Les Femmes des autres escorte au cours d’une éclairante nuit cinq mecs « médiocres », quatre maris et un célibataire quasiment quadragénaires (le presque polygame compterait double), cinq amis longtemps après réunis, désireux de « s’amuser », de préférence accompagnés, et plus si éphémères affinités. Un avocat revenu de Rome, rongé par l’ennui ; un architecte doté d’un frère, sa « croix » à lui, vivotant à ses crochets ; un médecin aux relations financières, à l’« insupportable » épouse portée sur la citation littéraire ; un fils au père directeur d’usine, petit moustachu qui « sue » et, last but not least , un gérant de ciné

Les SS frappent la nuit : Les Tueurs

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Suite à son visionnage sur le site d’ARTE, retour sur le titre de Robert Siodmak. Si vous connaissez La Nuit des généraux (Anatole Litvak, 1967), Les SS frappent la nuit (Robert Siodmak, 1957) ne vous surprendra pas, pas totalement, en tout cas. On y découvre/retrouve, pour ainsi dire par avance, à dix ans de distance, d’écart, une doublement sinistre histoire, à base d’insanité personnalisée, mondialisée, de meurtres en série et d’assassinats d’État. Pourtant, pas encore de prostituées trépassées, ni de furieux Führer à défaire, sens militaire ; quant au blême tandem de Peter O’Toole & Omar Sharif, il se voit précédé par un duo point falot, composé par Claus (Holm) & Mario (Adorf), le commissaire et l’idiot. En dépit de son titre français excessif, exagéré, à rapprocher du semblable, racoleur Requiem pour un massacre (Elem Klimov, 1985, au lieu de l’impératif, objectif Va et vois ), malgré son intitulé original ( La nuit, quand venait le Diable ) lui-même banal,

La Longue Nuit de 43 : Vincere

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Les « fautes du fascisme » ? Il suffit de s’en affranchir… Jadis primé, à présent oublié, sic transit la gloria de l’amnésique cinéma, tant pis pour Pier Paolo Pasolini, adaptateur de Giorgio Bassani, accompagné d’Ennio De Concini, La Longue Nuit de 43 (Florestano Vancini, 1960) se déroule à Ferrare, d’où le brouillard. Certes, ce premier métrage estimable, récompensé à Venise, pâtit de son manque de personnalité, mais ne manque pas de lucidité, d’intensité, mention spéciale à la fusillade fameuse, odieuse, d’antifas, filmée comme il faut, froidement, lui conférant son titre historique, ésotérique, explicite. Mise en fiction d’un fait divers, d’un crime de guerre, le récit carbure à l’adultère et à l’amitié, à la désertion et à la prescription, juridique et pharmaceutique. L’épouse épuisée d’un soldat estropié retrouve un amour de jeunesse, fils d’avocat fissa de l’armée enfui, une fois l’armistice établi. Sur cette base rappelant l’argument du Diable au corps de Radigu

Over the Top : Aigle de fer

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Routier sympa, pneu à plat… Pour mes parents Over the Top (Menahem Golan, 1987) possède une réputation médiocre, euphémisme diplomatique, néanmoins, malgré ses limites manifestes, cet aimable mélodrame maternel-masculin ne mérite point d’être massacré, en tout cas pas par moi, même emmuré à cause du maudit corona . Commencé sur une route en lacet survolée en hélicoptère, sur un sourire de l’esseulé Sylvester, il se termine idem , précédé par une étreinte en public, chic. Entre ces deux instants, plusieurs (me) paraissent intéressants, sur plusieurs plans. Filmé avec un professionnalisme impersonnel par l’estimable Menahem, à/pour l’occasion producteur devenu réalisateur, Over the Top en effet dépeint un portrait pertinent de son principal interprète, ici en sus co-scénariste, esquisse un instantané du ciné US, c’est-à-dire de la psyché étasunienne alors sous mandature reaganienne, dresse en outre une surprenante dystopie sexuée, je vais tout vous expliquer. Père parti,