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Affichage des articles du août, 2017

From Caligari to Hitler: German Cinema in the Age of the Masses : Retour vers le futur

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Suite à son visionnage sur le service Médiathèque Numérique, retour sur le titre de Rüdiger Suchsland. On redoutait l’illustration scolaire de la thèse discutable et discutée (admirée là) de Siegfried Kracauer. On découvre un équivalent allemand du (sympathique) Un voyage avec Martin Scorsese à travers le cinéma américain . Oh, quelques spécialistes apparaissent (dont un New-Yorkais), deux cinéastes (Fatih Akin & Volker Schlöndorff) s’expriment, leurs interventions se limitent néanmoins à des ponctuations. Accompagné de la monteuse Katja Dringenberg, des compositeurs Henrik Albrecht/Michael Hartmann, l’auteur nous propose un parcours subjectif dans une décennie (élargie) précise, cinématographique autant qu’historique. Et l’odyssée au passé prend la forme d’une boucle bouclée, sous le signe de l’asile : Le Cabinet du docteur Caligari (Wiene, 1920) en point de départ, Le Testament du docteur Mabuse (Lang, 1933) en point d’arrivée. La République de Weimar, contradictoi

Les Aventures fantastiques du baron Münchhausen : L’Éternité et Un Jour

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Suite à son visionnage sur le site d’ARTE, retour sur le titre de Josef von Báky. There’s no time for us There’s no place for us What is this thing that builds our dreams yet slips away from us Queen, Who Wants to Live Forever En découvrant maintenant Münchhausen – laconique intitulé original – je pense au parfait contemporain (1943) Colonel Blimp – The Life and Death of Colonel Blimp précise l’explicite VO – des Archers, au Casanova de Fellini, au Don Giovanni de Losey, au Highlander de Russell Mulcahy et pas une seconde à la version superflue – coûteuse misère des vrais-faux remakes – de Terry Gilliam, cinéaste surfait au surréalisme décoratif. Ce qui devait être un film d’anniversaire pour les vingt-cinq ans de la UFA s’avère un film de funérailles pour le Troisième Reich ; ce que certains, cent ans après la naissance de la firme fameuse, persistent à percevoir en divertissement charmant, voire résistant – la liberté de l’imaginaire contre la véracité de

Brainscan : Les Deux Papas et la Maman

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Game over  ? Plutôt la partie d’une vie… Il existe des films de scénariste. Diplôme universitaire en poche, Andrew Kevin Walker signe son tout premier scénario (de long métrage), dans lequel, de manière rétrospective, il semble aujourd’hui facile de lire les Seven , The Game , 8 millimètres , Sleepy Hollow  et Wolfman à venir (sans omettre ses participations officieuses à Fight Club  ou  Hypnose ). Bien sûr, on peut aussi penser aux Griffes de la nuit (croque-mitaine de cauchemar), à Dreamscape (exploration onirique), à Vidéodrome (CD-ROM versus VHS), à Scream (dimension méta) et à Ring (transmission de malédiction). Brainscan (sorti en 1994) porte bien son nom : il s’agit à la fois d’une radiographie cérébrale, donc d’un « film-cerveau », de façon littérale, et d’un duplicata virtuel de « genres ». Faux film fantastique, faux film d’horreur, faux film policier, voici en réalité (virtuelle, augmentée) un vrai drame psychologique, réflexif et freudien (molto œdipien), b

Les Oubliés : Démineurs

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Suite à son visionnage sur le service Médiathèque Numérique, retour sur le titre de Martin Zandvliet. La bande-annonce faisait penser aux Révoltés de l’île du Diable de Marius Holst, semblable exhumation d’un passé (norvégien) peu glorieux (louée par nos soins), voire à Dunkerque  ; le film confirme et infirme. En 1945, de jeunes soldats allemands doivent déminer une plage danoise. Formation expéditive, six mines par heure (certaines dédoublées), puis huit à cause du retard, 45 000 au total : on prévoit le retour chez soi dans trois mois. La côte à l’Ouest s’avère en effet infestée de pièges (erreur de débarquement démocrate) à peine enterrés à quinze ou vingt centimètres de la surface. Intitulé en VO Sous le sable (un salut au plagiste Ozon) et à l’international Land of Mine , Les Oubliés portraiture un pays à moi et un pays miné . Dans la première séquence, le sergent qui va s’occuper des recrues (ou des consignés) s’en prend à des quidams en file indienne de perdants,

Jukai : Dolls

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Suite à son visionnage sur le service Médiathèque Numérique, retour sur le titre de Gabrielle Lissot. Tout commence par des halètements, pas ceux d’un accouchement, mais d’une course hors-champ. Une femme fuit dans la forêt (des suicidés), ou court après quelque chose, quelqu’un. Dans sa main, une bobine de fil (rouge), celui du film qui se dévide, celui d’Ariane qui, paraît-il, lie la mère à son enfant, réminiscence du sésame mythologique pour ne pas se perdre dans le labyrinthe (des passions, rajoute Pedro Almodóvar). Elle porte une robe à pois et des chaussures de ville, elle arbore un visage et des articulations de poupée, davantage inspirée par la théâtralité mutique des marionnettes du bunraku que par les anatomies brisées/sexualisées de Hans Bellmer. Cette femme-poupée ne va pas se casser (elle se casse d’une autre manière, altière), elle va enfanter, son ventre dévoilé le promet. Au sein d’une jungle en noir et blanc à la King Kong (tronc à l’horizontale au-dessus

Un pigeon perché sur une branche philosophait sur l’existence : Les Compères

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Suite à son visionnage sur le site d’ARTE, retour sur le titre de Roy Andersson. Assez hilarant, voici aussi un film excitant formellement. Chaque plan-séquence s’avère désaxé, à l’exception d’un seul, sur lequel je reviendrai. Ce jeu géométrique sur la perspective multiplie les lignes de fuite et emprisonne les personnages d’un même élan, à l’intérieur du même plan. Inutile de fuir, mais nécessité de rire, surtout lorsque l’on va mourir, par exemple d’un accident domestique, en cherchant à ouvrir une bouteille de vin, en s’écroulant bientôt, victime d’une crise cardiaque tandis que la ménagère continue à chantonner à la cuisine. Film architectural, pictural (clin d’œil avoué aux volatiles pensifs des Chasseurs dans la neige de Pieter Brueghel l’Ancien, tableau itou utilisé par Tarkovski ou von Trier) et musical, le métrage soigne également le langage, scande les saynètes d’un obsolète « Je suis content(e) de savoir que vous allez bien » répété au téléphone, bien qu’il s’app