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Affichage des articles du juillet, 2022

Enquête sur un monde solitaire : Les Galettes de Pont-Aven

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  Conrad & Cohen, Garbo & Bécaud ? Toi, moi, elle, île… Bien trop long, plus de six heures, Seigneur, desservi par une illustration musicale très dispensable, ponctué de plans topographiques anecdotiques, assorti de stroboscopie assez hors sujet, à la Noé ( Irréversible , 2002), encore en noir et blanc mais aussi en couleurs, haut les cœurs, ce montage de témoignages rend hommage au « tissu associatif » tendu contre le « naufrage » social, métaphore à bon port, car cadre(s) de Bretagne. Un mois avant l’effarement du (premier) confinement, lui-même modèle d’isolement dément et mondialisé, aux effets collatéraux que l’on connaît, notamment en matière de « violences conjugales », topic du titre, manifestant(e)s à Lorient et flics à trique, pendant une période d’environ deux ans, l’auteur local de L’eau douce qui coule dans mes veines (2013) filme de façon frontale, à la suite d’une citation explicite des increvables Misérables , les « aidants » et les souffrants. En surface, c

La Nuit du 12 : La Femme flambée

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  Grenoble, ignoble, femmes, flammes, de Lynch, Wallace, Damiani démuni… Genrer tous les actes, c’est considérer que les gens n’ont pas d’âme. On ne condamne pas les hommes, on condamne les sales types. Et il y a aussi des femmes mauvaises. Cécile Bois Ce téléfilm régionaliste, digne d’une diffusion du samedi soir sur France 3, s’avère vite un sommet, in extremis situé au sommet, à vélo, guère rigolo, le « hamster » s’aère, de misérable misandrie assumée, assénée, formulée, formatée. Lequel « crama » Clara ? Inutile, en définitive, de se crever à investiguer, s’en rendre malade, parler pendant deux heures inter-minables, champs-contrechamps décourageants, interroger les habituels suspects (les antiracistes racialisent, les antisexistes sexualisent), rappeur crâneur, qui confesse au commissariat, sans « beat », pas sans bite, son désir d’incendier son ex , aux doléances de « princesse », « que des mots », plaidoyer pro domo , qui cependant ne voudrait « inquiéter à mort » sa ma

La Petite Bande

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  Un métrage, une image : The House of Seven Corpses (1973) Celle de Hawthorne & May ( The House of the Seven Gables , 1940) possédait donc sept pignons ; celle du sieur Harrison dispose de sept macchabées in fine portés au carré, car la vie imite l’art dare-dare, non le contraire, ma chère. Téléaste pour les enfants petits et grands, notre Paul, point apôtre, signe ainsi un film orphelin, seul essai au ciné, pourtant coproduit par la Television Corporation of America, pardi. Au croisement du contemporain La Nuit américaine (Truffaut, 1973) et de l’increvable Agatha Christie, ce huis clos rococo, construit en boucle bouclée, désormais disponible en ligne, via une version (française) assez superbe, qui met en valeur le beau boulot du dirlo photo Don Jones, mérite son exhumation, métaphore à saisir ici au sens littéral, létal. Un réalisateur spécialisé dans les opus dits horrifiques, obsédé par le fric, le sien, time is money , prière de se presser, investit une maison ma

Le Voyeur absolu

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  Maintenant des images-mots, une demoiselle de « machine de compagnie » bientôt…   Des visages. Des paysages. Des preuves. Des produits. Tout ceci se visite sur un seul site : Brieuc Le Meur Photography . Tout ceci séduit, élargit l’horizon et l’esprit, permet de se déplacer immobile, de déplacer les lignes, celles de la perspective, celles de la prospective. Les images du photographe ne ressemblent dès lors à des natures mortes, même s’il exerce, fi de frontières, un art de toute façon funéraire. Elles incitent au récit, elles racontent quelque chose de sa vie à lui, aussi. En couleurs, en noir et blanc, de face, de profil, les portraits immanents défilent, ceux des femmes dotés d’un érotisme subtil, ceux des hommes d’une convivialité bonhomme. Les modèles, tout sauf modèles, non formatés, non faisandés, nous regardent sans prendre garde, sans être déifiés, se défier, photographies de confiance, de connivence, de sourires, de désirs. Dans En marge , son autobiographie d’extasié par

Toi, le venin

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  Un métrage, une image : L’Accident (1963) J’avale des couleuvres J’y suis pour rien j’y suis c’est tout Lili Frikh, Ch’uis P’tite Film ultime de Gréville, lui-même a priori porté sur la bibine, victime définitive d’un accident automobile, ce titre rarissime, pas même doté d’un succès d’estime, s’avère vite un vaudeville dépressif, un gros mélo, un thriller de langueur. La Russie se réduit ici aux symphonies de Tchaïkovski, au pedigree de la (mal) mariée, à un discours sur trente-trois tours, à de l’alcoolisme local, poire d’entonnoir au lieu de vodka, voilà. Les Slaves, faut croire, ça sait boire, picoler contre le désespoir, ou bien s’imbiber afin de le renforcer, allez savoir. Françoise passe et repasse, dans l’impasse, à un jet de pierre du cimetière, à proximité d’épaves, au propre, au figuré, métaphore formulée, dont une porte le prénom, allons bon, de l’épouse en proie au blues . Cependant Andréa ne se suicidera, laissant cela à Anna Karenina, elle descendra Juli

La Sorcière amoureuse : Logan’s Run

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  Confusion, collusion, confrontation, condamnation... À la bonne sorcière Jacqueline Waechter Chaînon manquant et ensorcelant reliant La maschera del demonio (Bava, 1960) et Le streghe (Bolognini, De Sica, Pasolini, Rossi, Visconti, 1967), La strega in amore  (1966) se découvre dès le premier plan en conte de décor : un homme à Rome soulève un store, ouvre des vitres, va vite se retrouver cloîtré, à l’insu de son plein gré. S’il dialogue de surcroît, disons à distance, avec le Fedora (Wilder, 1976) d’autrefois, le plus récent et peu passionnant Abuela (Plaza, 2022), le film de l’ami Damiani, surtout (re)connu ici pour ses percutants et pertinents polars made in Italy , annonce aussi Amityville II: The Possession (1982), coécrit par le sieur Wallace, similaire amateur de femmes en flammes, de Mexicaines guère sereines ( Vampires: Los Muertos , 2002), qu’il dirigera aux USA. Seize ans avant, le (mauvais) génie du lieu sévit déjà, donne une leçon d’humiliation, sinon d’aliéna

Le Chanteur de Mexico

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  Un métrage, une image : Vampires: Los Muertos (2002) Le direct-to-video débute en vidéo. Suivant un avertissement de bilinguisme frisant le racisme, tu t’amènes à Mexico, gare à toi, gringo, le cinéaste Wallace met en scène un client mécontent, vite violent. Mais voici Jon Bon Jovi, c’est-à-dire Derek Bliss, patronyme de béatitude bien à la Blake, raccord avec les Doors ( End of the Night ). La prostituée basanée demande au beau blondinet comment le remercier. Un sourire devrait suffire, surtout à occire la vampire. La première femme du film se fait dont perforer trois fois, ça t’apprendra, puis décapiter, au soleil incendier, le mec immortalise au caméscope sa tête de cramé toast . Tandis que les psys s’astiquent sur l’oralité de l’orée, reprise ensuite, un petit pieu dans la bouche, une petite « pipe » en douce, sur le fantasme de fellation, sinon d’émasculation, l’homologue de Captain Kronos ( Vampire Hunter , Clemens, 1974) passe une soirée assez peu sereine, au sein d’un mo

He Walked by Night

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  Un métrage, une image : He Never Died (2016) Il faut faire fi de sa forme téléfilmée, écarter ses carences d’écriture, afin d’apprécier, à sa modeste mesure, cette moderne relecture du destin de Caïn. Inédit en salles, disponible en ligne, l’ opus obscur portraiture un Melancholy Man , reprenons donc le titre explicite des Moody Blues, posé sur la bande-son, utilisé en situation. La mélancolie mutique, autarcique, du protagoniste in extremis colérique, car voici une très vieille connaissance, un vieil homme qu’il vaut mieux éviter de voir, semble aussi caractériser son interprète, à savoir le polyvalent, voire « intimidant », Henry Rollins, qui commit de multiples caméos au ciné, à la TV, par exemple chez Lynch & Sia ( Lost Highway , 1997, Music , 2021), s’illustra surtout au sein de Rollins Band, parmi lequel il incarna, à l’occasion d’un clip à succès, par le spécialiste Corbijn ( Control , 2007 ou The American , 2010) dirigé, remarquable et remarqué, un mémorable me

Austin Powers

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  Un métrage, une image : Elvis (2022) L’épuisant Luhrmann, réalisateur frimeur, qui commit aussi les idem anecdotiques et pachydermiques Moulin Rouge (2001) et Gatsby le Magnifique (2013), ressert les restes du funeste festin, pendant près de deux heures quarante-cinq, comme si le spectateur possédait assez de temps devant lui pour subir ce monceau pas beau d’insipides inepties. Son dispensable biopic monté à la MTV, délesté de la moindre musicalité, de la plus petite intimité, pourvu d’une profondeur de soap , cafi de fric, en dépit d’une a priori divergente perspective, se réduit à la doxa, au digest , à une superficielle et sempiternelle chanson de geste, en sus à prétentions à la con sociologiques, puisque CV telle une traversée historique de l’Amérique nordiste. Lui-même d’ailleurs auteur d’un téléfilm biographique plutôt sympathique ( Le Roman d’Elvis , 1979), créateur authentique, poétique et politique, Carpenter devrait ricaner à proximité de pareille pièce montée, m

Jambon, jambon : Il reste du jambon ?

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  Suite à son visionnage sur le site d’ARTE, retour sur le titre de Bigas Luna. Mélodrame de dames, drolatique et autarcique, au titre répétitif et suggestif, aux ralentis post -produits plutôt pourris, au mauvais rêve de desséché surréalisme, muni de la délicate mélancolie des thèmes de Nicola Piovani, compositeur de Fellini & Moretti, Jambon, jambon (1992) ne ressemble jamais à une comédie érotique et romantique, pas plus que la série structurelle de scènes de sexe de Crash (Cronenberg, 1996) ne suffisait à en faire un film pornographique, erreur de perception et d’interprétation, en doublon, pardonnons. Pas une seule seconde salace ni dégueulasse, l’inégal Luna Bigas ( Angoisse , 1987, Bambola , 1996, Di Di Hollywood , 2010) ne vise à susciter illico l’excitation du spectateur hétéro, puisque lui-même moins homo que son compatriote Pedro. Revoir cet ouvrage d’un autre âge, près d’une trentaine d’années après, incite à souligner la presque impossibilité de le diriger puis di

L’Idole d’Acapulco

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  Un métrage, une image : Buster (1988) De ce buster ni block ni ghost , même si Collins y casse une vitrine, y vole un costard, on connaissait surtout une célèbre chanson sentimentale, coécrite par deux dames, Toni Wine & Carole Bayer Sager, sur une mélodie mimi de Muzio Clementi, thème de double départ, instrumental et vocal, ici servi par les cordes ad hoc d’Anne Dudley, déjà directrice d’orchestre puis compositrice de The Crying Game (Jordan, 1992), The Full Monthy (Cattaneo, 1997), Oscar à la clé, olé olé, ou Elle (Verhoeven, 2016). Mais le métrage un peu trop sage, en tout cas au goût relou de critiques conservateurs, (pré)occupés à dénoncer son révisionnisme supposé, ne se limite Dieu merci à une comédie romantique, sur fond de fait divers de naguère. La reconstitution d’hier, les Britanniques savent parfaitement faire, au ciné, à la TV, les costumes, les décors, les accessoires, ressuscitent ainsi les sixties du Royaume-Uni, où l’on regarde, essaie de regarde

Pinocchio

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  Un métrage, une image : Menteur (2022) Remake niçois d’un succès québécois ( Menteur , Gaudreault, 2019), aussi moralisateur que Menteur, menteur (Shadyac, 1997), ce téléfilm infime pouvait s’avérer jeu de piste réflexif, réflexion en action(s) sur les puissances et les souffrances de la fiction. Mais la coproduction Gaumont & M6, associés symboliques, souffre d’être lisse, délestée de malice, inoffensive et poussive. Lorsque Chloé, pas celle de L’Écume des jours , condamnée à crever au milieu d’un univers autant cruel que merveilleux, désigne du terme « incidents » un substantif péjoratif (« blondasse ») + une insulte sexiste (« pute »), proférés par un client russe pas encore préoccupé par l’Ukraine, plutôt le traitement des eaux, elle souligne à son insu le consensuel du logiciel, que la coda de capitale, rencontre sentimentale, tourisme fluvial, pont du passé supposé célébrer l’amitié slave et hexagonale, d’article d’usine, d’abord en cyrillique, à solution, à bonne acti