The Purge

 

Un métrage, une image : Mafia parano (2000)

Pourquoi l’assez sympa Bullock Sandra produisit ceci ? Sans doute parce qu’il s’agit d’une comédie noire, d’une histoire d’espoir, de reconnaissance et de renaissance, que les femmes, certaines, en tout cas, s’avèrent souvent tournées vers la vie, que les hommes, pas la plupart, macèrent au milieu de la mélancolie, immobilisés par la pensée de la mort, d’accord. Mayough se fait donc du mouron, il « chie de peur » dans son pantalon, au figuré, presque au propre, il monologue aux chiottes, il voudrait que l’on lui rende les dix-huit dernières années passés, dépassées, trépassées, au service de la DEA, voilà. Légendaire, amer, flanqué de flatulences, il somatise à l’instar du nazi des Bienveillantes, il ne rêve que d’une arabique seconde chance, avec « vue sur l’océan ». Hélas, fi de plage, le voici plongé parmi un double et dupliqué guêpier de mecs très tourmentés. Le flic infiltré, sans uniforme, sans armure, un chouïa immature, se voit obligé de jongler entre capitalisme de banditisme, pardon du pléonasme, et thérapie psy de groupe en déroute. Assister allongé, ligoté, à Miami en mode Tony Montana (Scarface, De Palma, 1983), à un massacre chorégraphique, acrobatique, à rendre jaloux John Woo, précédé d’un coéquipier descendu d’une balle dans le cul, analité carabinée, uzi + kiki = pastèque suspecte, cléopâtres patraques, cela incite à traumatiser un type, surtout lorsqu’il rencontre au quotidien malsain, en mission à la con, en séances de lamentations, des escrocs colombiens, un (pas si) psycho italien, des business men friqués mais déprimés. Heureusement pour l’agent, apparaît au bout d’un certain temps la « reine du lavement », à la joviale vulgarité, vite dévouée. L’actrice productrice prodigue une docte catharsis, elle purge le patient de son effroi par son fondement, pragmatisme à malice propice à épargner le tarifé forfait de la pénible psychanalyse. Film de maux masculins rédimés par l’amitié, le soutien au féminin, film d’amour au substrat voltairien, il convient de cultiver un jardin américain, parfumé au purin, sur le toit, rejoins-moi, terre mère, terre nourricière, semences du sourire, semence du plaisir, Gun Shy, titre explicite, s’apprécie en modestie, en définitive gay friendly, sa scatologie guère régressive assortie d’un romantisme adulte, pour ainsi dire dessillé. Si le spectateur observateur y aperçoit chez soi la blanche culotte de Sandra Bullock en chemise bleu pétrole, à genoux devant Liam Neeson, fi de fellation, de soumission, de consternation. Cogité et dirigé par un téléaste semblant soucieux de (sur)faire du ciné, cf. le plan-séquence en travelling avant du début, de débutant, deux ou trois effets de style malhabiles, affublé d’un titre français affreux, désireux de capitaliser sur le succès du différencié Mafia Blues (Ramis, 1999), l’opus propose une « parabole » ad hoc, à moine bouddhiste, tigres multiples, fraise à l’aise. L’adepte naturelle de la médecine naturelle carbure au carpe diem, conduit à bon port, sans perdre le nord, capitaine de mise en scène, à lunettes de soleil, la petite arche des mâles davantage aimables que minables. In extremis, à demi-générique, le fatigué Fulvio, exilé enfin, appréciable butin, ripou au trou, parvient à faire pousser ses tomates, rédemption de satisfaction. Blakeney ou non, l’unique film du réalisateur mineur revient à l’interprète de Judy Tipp, chic fille au féminisme tout sauf misandre, délesté de munitions, de victimisation, partenaire paritaire, altruiste et sincère, capable de congédier la douleur et la diarrhée, c’est-à-dire, de manière moins organique, la tristesse existentielle et la douleur de (sur)vivre, même durant un instant, celui du feel good movie, bien sûr infime et cependant bienveillant.     

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