Des hommes d’honneur
Un métrage, une image : Meurtre
à la Maison-Blanche (1997)
« Tout le monde ment dans cette
histoire » résume, nocturne, désabusé, Wesley. L’incipit du plan à la grue, à obélisque et drapeau, fait le topo,
donne le tempo, alors que le prologue, à « bureaucrate » patraque, very vénère, quasi suicidaire, pas assez, car cran de sûreté, rappelle le pétage
de plombs en public, idem à main
armée, de Chute libre (Schumacher, 1993), que
Kopelson coproduisit aussi. Contemporain des Pleins Pouvoirs
(Eastwood, 1997), précédant de peu Snake Eyes (De Palma, 1998), Meurtre
à la Maison-Blanche ne possède ni la cruauté sucrée du premier, ni
la désillusion rédemption du second. Le bien nommé Little, petit cinéaste d’opus dispensables, en dépit d’une prédilection
pour la conspiration, à la sauce seventies,
d’un usage modeste, au creux de couloirs, du souple steadycam, manque de style et d’âme, mais l’item, quand même, dit quelque chose de pas si morose, au sujet de
la mythologie politique américaine. Ce condensé, au Canada concrétisé, à
insuccès, à peine rentré dans ses frais, carbure donc au compte à rebours d’expulsion,
au sexe entre la secrétaire et le fils, « lubrifiant » + préservatif,
à la crise diplomatique, à cause, encore, de la Corée du Nord, militaires et
maltraités et médiatiques otages, dégâts, dommage(s), au meurtre au milieu des
toilettes, revoilà le brillant Brian de Blow Out (1981), chouette, au
complot illico, au girl power
d’olympique sniper, les douloureuses
adoubent Diane, chasseresse express. Durant
les ans 70, Nixon & Saïgon, on doutait, redoutait ; durant les ans 90,
Clinton & Balkans, Proche-Orient puis empêchement, ça baise, ça se fait
baiser, l’idéalisme défie le fascisme et le défait. Face au flic de couleur,
fissa coureur, amitiés à Marathon Man (Schlesinger, 1976),
William Goldman, le scribe de Clint, s’auto-adapte, un conseiller déconseillé, citant
et trahissant Roosevelt, en sus d’une ancienne amitié, affirme préférer la
vertu à la paix, se lâche, à la truelle, sur la lâcheté, présidentielle, trame
une démission fatidique et une utilisation de l’atomique, Folamour mon amour
(Kubrick, 1964), Stillson de Dead Zone (Cronenberg, 1983, sa
sœur Denise dessine ici les habits). Tandis que le personnel d’entretien demeure
plus ou moins serein, découvreur de macchabée, dragueur dérisoire recadré, soupçonné,
Wesley en mec de ménage in extremis déguisé, les puissants de
l’instant s’avèrent vite déplaisants, pourtant pas déprimants, queutards plutôt
que connards, en écho à Jack Kennedy, pardi. La vérité, dévoilée, se visionne
en vidéo, solo, duo, celle, officielle, des news
continuelles, de CNN, celle, plurielle, factuelle, des « vingt-sept
caméras » de vidéo-surveillance, installées selon la résidence, Mabuse
(Lang, 1960) s’amuse, comme si le cinéma cédait aux cassettes honnêtes, preuve
en plastique, sa sienne dimension herméneutique, les maniait, non en
interrogation réflexive de la fiction, de la confusion des perceptions, d’une phénoménologie
de l’intime et mélancolique hallucination, on renvoie vers Vidéodrome (Cronenberg,
1983), davantage en moralisation des images, des outrages, des mises en scène
obscènes, Little tel l’émule inconscient, inconsistant, du dogmatique Haneke (Benny’s
Video, 1992). Pour sauver le gouvernement, ses « magouilles »,
ses faux-semblants, cf. la consensuelle conférence de presse, dernière, mensongère,
il convient de « ramper », au propre, fi du figuré, souterrains de
passé lointain, mystique US ressuscitée, maquette experte, traversée pour de
vrai. En définitive, ce divertissement inoffensif esquive le cynisme, cependant
délaisse le progressisme, sa romance interraciale démontée au final…
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