La Nuit du 12 : La Femme flambée
Grenoble, ignoble, femmes, flammes, de Lynch, Wallace, Damiani démuni…
Genrer tous les actes, c’est
considérer que les gens n’ont pas d’âme. On ne condamne pas les hommes, on
condamne les sales types. Et il y a aussi des femmes mauvaises.
Cécile Bois
Ce téléfilm régionaliste, digne d’une
diffusion du samedi soir sur France 3, s’avère vite un sommet, in extremis
situé au sommet, à vélo, guère rigolo, le « hamster » s’aère, de misérable
misandrie assumée, assénée, formulée, formatée. Lequel « crama »
Clara ? Inutile, en définitive, de se crever à investiguer, s’en rendre
malade, parler pendant deux heures inter-minables, champs-contrechamps
décourageants, interroger les habituels suspects (les antiracistes racialisent,
les antisexistes sexualisent), rappeur crâneur, qui confesse au commissariat,
sans « beat », pas sans bite, son désir d’incendier son ex, aux doléances de « princesse »,
« que des mots », plaidoyer pro
domo, qui cependant ne voudrait « inquiéter
à mort » sa maman, la prévenir de sa prochaine garde à vue ; « fumeur
branleur », expéditeur de jaune briquet paraît-il trouvé à proximité du
taudis occupé, dont le contact « collant dégoûtait » la
décédée ; époux relou, conjoint malsain, massacreur de mère devant marmot,
cf. les affreuses photos, à répondre aux poulets, d’un air détaché, cherchez
quelqu’un d’autre à effrayer, tutoyer, les cuisses écartées, j’assieds au
propre et au figuré ma virilité, je pose mes couilles puis je dérouille,
lorsque Marceau, au sang chaud, prof de français frustré, à la « gentiane »
de mutation ou de démission, à « imprimer », pas à
« déprimer », dont la dame porte le prénom de la compagne, institutrice a priori
complice et soumise, du menotté doté d’un côté « animal », espion d’une
conversation téléphonique horrifique, arrête de me mentir, je vais venir, te
défoncer la face et t’éclater le cul, te voici prévenue, attends-moi,
obéis-moi, lui fout fissa des gifles échauffées, entorses rosses bien sûr à la « procédure »,
capables de faire capoter l’enquête tourmentée au sujet de l’assassinat d’une
jeune femme « pas compliquée », point « facile », nuance de
langue, le coéquipier, peu porté sur la linguistique subtilité, demande de
manière ironique et rhétorique si emmerder prend deux m, il devrait d’adresser
à Emmanuel Macron, non ? ; last
but not least, un visiteur de
cimetière ainsi sorti de l’asile, chopé/relâché puisque séjour en HP la nuit
concernée, CQFD.
En résumé, tous pouvaient être
responsables, coupables, pas seulement les « bad boys », les « salauds »,
TOUS LES TYPES tuèrent la « gentille fille », parole de flic,
Bouillon substitué à Delon, témoignage moralisateur de « meilleure
amie » en larmes, de mélodrame, dévoilant l’essentielle raison de la
criminelle combustion, sexuée, sexiste, à laquelle une policière, déjà
doucement amère, peu affolée par les « fantômes », orpheline
magnanime, observatrice de répandu « racisme », répond à sa façon,
quand en planque elle fait de la philo à propos d’un « monde
d’hommes », partagé entre sévice et police. Désincarné, démonstratif,
contre-productif, le métrage d’outrage de Moll, signataire jadis du surfait Harry,
un ami qui vous veut du bien (2000), encore coécrit avec Gilles
Marchand (Ressources humaines, Cantet, 1999), membre du médiatique
collectif 50/50 (en procès en septembre), on ne croit que le générique respecte
les quotas, joie de « genrer », vive la « diversité », (ré)conforte
les féministes, esquive la vérité, malgré le carton de conclusion,
« fiction inspirée de faits réels », amen, naturalisme poussif en prime, ne se préoccupe de la
complexité, des rapports, des relations, des ductiles identités. Les
mecs ? De la merde, des meurtriers, d’insensés et « suicidaires »
mariés, des impuissants, des dépressifs pas même fichus de « pisser »
sans souiller la lunette des toilettes. Les femmes ? Des victimes désignées,
à autel honoré, allumé, à la bougie, pas au « détergent », notamment
par les démolis parents, la mère seconde fixe le vide et in fine s’effondre, des
spécialistes de la langue des signes, musicale, pas internationale, des
fonctionnaires irréprochables, telle cette juge (« joIie » ?)
douée de jugeote, anniversaire mortifère, caméra cachée, PV appréciés, je vais commencer
à vous aimer, « ne dites pas de bêtises », s’il vous plaît, caméo
compatissant, stimulant, de Madame Grinberg, « irréductible
étrangeté » d’actrice croquée.
La Belgique donnait à
Baudelaire l’envie de gerber. Ce pensum monotone, manichéen, pour rien, donne envie de dormir et vomir, semble se
soucier des fameuses violences faites aux femmes, quid de celles commises envers des hommes ?, les illustrer,
mais surtout pas de portraiturer des représentantes du deuxième sexe supposé,
les laisser respirer, expirer, en silence, en liberté, ambiguïté, force et
fragilité. Le concentré à la con de généralisation, se méfier de qui profère et
pontifie « les femmes », « les hommes », « la majorité
(de ces derniers des derniers) », d’infantilisation, de victimisation,
cristallise l’actuel climat de médiocre combat, prédatrice paranoïa, non
« quelque chose qui cloche entre les hommes et les femmes »,
marronnier ressassé heureusement ridiculisé par la réalité, les individus, sur
l’étendue, pas à courte vue, continuent à se rencontrer, s’estimer, (s’)offrir,
(se) construire, chaque histoire, hétéro ou homo, départ nouveau, expérience de
l’existence, du sexe, des sentiments (le « sentimental » Marceau ne
sait « baiser » que le cœur par Cupidon & Verlaine percé), au
sein d’une société métissée, mondialisée, éprise de parité, en dépit de
persistantes inégalités, a fortiori salariales, de faits divers
atroces et toutefois non représentatifs d’une vaseuse « culture du
viol », aux femmes souvent résistantes, puissantes, voire gouvernantes,
davantage en somme que des hommes incertains, enclins à la mélancolie, à la
misogynie, au capitalisme du fric, du physique, symbolique, système obscène,
unisexe, parfaitement conscient des bénéfices du fallacieux et fastidieux conflit,
lui. Avocat du diable malhonnête, politiquement correct, conseillons à
l’anémique et pathétique Dominik, « dérangé par la fascination de certains
films pour la violence », Haneke ne condamnerait mieux, incapable de
comprendre, quel comble, qu’il s’agit de mise en scène, de mimèsis, de
catharsis, de spectacle plus ou moins patraque, jamais de destruction
constatée, ou alors revoici le snuff movie servi en toute impunité au journal
télévisé, de suivre les conséquences de sa logique inique, sinon génétique,
chromosome à la gomme, d’Élisabeth Badinter hier, pseudoscience à prétention
sociale, du niveau d’un Lombroso, de céder sa place à une réalisatrice, par
exemple l’une de celles, mortes ou vives, saluées ici, par mes soins d’être
humain cinéphile, pas de plume à pénis, non en raison de leur anatomie, vagin
machin, plutôt de leur sensibilité similaire, différenciée, leur talent évident…
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