Le Chanteur de Mexico

 

Un métrage, une image : Vampires: Los Muertos (2002)

Le direct-to-video débute en vidéo. Suivant un avertissement de bilinguisme frisant le racisme, tu t’amènes à Mexico, gare à toi, gringo, le cinéaste Wallace met en scène un client mécontent, vite violent. Mais voici Jon Bon Jovi, c’est-à-dire Derek Bliss, patronyme de béatitude bien à la Blake, raccord avec les Doors (End of the Night). La prostituée basanée demande au beau blondinet comment le remercier. Un sourire devrait suffire, surtout à occire la vampire. La première femme du film se fait dont perforer trois fois, ça t’apprendra, puis décapiter, au soleil incendier, le mec immortalise au caméscope sa tête de cramé toast. Tandis que les psys s’astiquent sur l’oralité de l’orée, reprise ensuite, un petit pieu dans la bouche, une petite « pipe » en douce, sur le fantasme de fellation, sinon d’émasculation, l’homologue de Captain Kronos (Vampire Hunter, Clemens, 1974) passe une soirée assez peu sereine, au sein d’un monastère doux-amer, appétit coupé parmi tous les mecs muets attablés. Au creux d’un café, le chasseur infortuné, qui essaie de composer une équipe intrépide uniquement composée de types, de surcroît toujours là, pas encore morts, listés plutôt que cinglés, fait la connaissance de la séduisante et refroidissante Zoey, détectée au viseur de chaleur. Natasha Wagner ne ressemble guère à sa célèbre mère, la supposée noyée Natalie Wood, on demeure dans le domaine du bois, oui-da, elle soufre ici d’une forme de porphyrie, coup d’un soir, trop tard, elle suit un traitement à plein temps, elle séduit aussitôt la reine des damnées, pas celle d’Anne Rice, qu’interprète Arly Jover, éduquée à la danse, pleine de grâce. Aujourd’hui organisme en ligne, Van Helsing et ses sbires British emmerdaient jadis un Roumain ; désormais, des hommes pas trop à la gomme traquent une charismatique et machiavélique et mutique nana, voilà. Un vrai-faux curé recruté, un ado à moto, prénommé Sancho, illico coopté, un Noir faiblard, attendu à la gare, au décès drolatique, extatique, si tu ne te fais sucer sous la ceinture par une « maîtresse » très dentée, que connais-tu de la vie, l’ami ?, s’opposent à la horde, à bord d’un van anti-vampire, peut-être consacré, il convenait d’y penser. Une transfusion de solidarité, une perfusion inversée, revoici Bon Jovi vampirisé à demi. Les combattants récupèrent la croix, décapitent, bis, la meilleure ennemie, au saphisme en sourdine, transpercent du corps carbonisé, étêté, le cœur soulevé, révélateur et noir, se disent au revoir, se séparent, la route reste belle, mettons nos lunettes de soleil, allons quêter d’autres pilules au crépuscule. Quatorze années après la réussite de Vampire, vous avez dit vampire ? 2 (1988), Tommy Lee réussit aussi cette suite libre, fidèlement infidèle, de l’opus de Carpenter (Vampires, 1998). Comme chez John, crédité en coproducteur exécutif, la meilleure part du métrage d’outrage(s) revient aux dames, à leur attraction répulsion productrice d’émotion et de motion (picture). Jamais misogyne, filmé de façon assez soignée, Vampires: Los Muertos se déroule durant le fameux « jour des morts » et se situe cependant du côté de la (sur)vie, d’une entente entre les sexes, odyssée apaisée, bipolarité partagée. Moins stimulant et surprenant que Halloween III : Le Sang du sorcier (1982), il s’agit ainsi d’un divertissement distrayant, d’un western moderne, digne d’une sortie en salles, où la planche de surf dissimule un arsenal, les femmes (s’) enflamment, la télépathie conduit, la raffinerie sucrée désaffectée sert d’ensoleillé mausolée, la « providencia », mimi inscription murale, vaincra…         

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