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Affichage des articles du juin, 2015

Valley of Love : Mirage de la vie

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Un homme, une femme, le fantôme, rêvé ou avéré , d’un fils, quelques touristes et le désert : explorons avec plaisir cette nouvelle carte de Tendre délocalisée en territoire américain… Huppert (le générique de fin supprime le prénom de l’actrice, hissée au rang de mythe familier), au centre du cadre, en marche et de dos, dans un décor de bungalows , délestée des patins à roulettes de La Porte du paradis mais alourdie par une valise de même type : le tout premier plan(-séquence) de Valley of Love rappelle celui de Rosetta , et Guillaume Nicloux va nous raconter à son tour, dans un contexte certes différent, une parabole de résilience , un conte de fées pour adultes porté par deux « parents » renaissants, un survival en milieu hostile et sans merci, mais pas sans espoir. Si l’héroïne des Dardenne, Petit Chaperon rouge orphelin aux prises avec tous les (grands méchants) loups du capitalisme, luttait, physiquement et moralement, dans la grisaille générale de sa Belgique dépres

The Killer Inside Me : Un croquis de Peter Lorre

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Meilleur le méchant, plus réussi le film, soutenait, en substance, Alfred Hitchcock – ce que démontra, avec éclat, Peter Lorre, toujours et encore…  Un homme petit, dégarni (ou carrément chauve), à la voix fluette, plaintive, monocorde et haut perchée, aux yeux aussi ronds que son visage lunaire, risquant, à chaque seconde, semble-t-il, de le dévorer, en témoignage « microscopique » d’un tourment intérieur exorbité/exhibé (appréciation de Graham Greene, grand fan de l’acteur) : Peter Lorre incarna ses rôles avec tout son corps et toute son âme, connut l’exil, la célébrité, les addictions et l’oubli ; sa vie en accéléré traverse le siècle dans son extermination industrielle, dans le miroir de Weimar puis de « l’usine à rêves » hollywoodienne, trajectoire singulière et exemplaire, assortie d’amis renommés, d’épouses quittées, de films souvent inférieurs à la hauteur du talent, et la rediffusion récente, au solitaire et insomniaque Cinéma de minuit , des Mains d’Orlac , l’une

Pacte avec un tueur : The Ghost Writer

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 « Les deux faces d’une même pièce », affirme le tueur à gages à l’inspecteur de police : sur les terres du billet vert, les valeurs (éthiques, financières) fluctuent, et le meurtre se réduit à une monnaie d’échange… Best Seller se tient tout entier dans ses premiers plans, suite de fondus enchaînés dans l’axe qui dédouble le trajet d’un van ébène roulant pour Nixon, littéralement, surgi des sombres Enfers d’un parking souterrain, en direction du jour aveugle de la sortie : à la fois résurrection urbaine, montée documentaire vers la lumière et fuite en avant, irrésistible et métaphorique, vers un trépas virginal, ce grand blanc entrevu dans les « expériences de mort imminente ». Pacte avec un tueur , sa dimension faustienne soulignée par le titre français, constituera donc la chronique d’une mort annoncée, d’une humanité regagnée, d’une brève rencontre entre deux hommes que leurs métiers, leurs morales, leur vies opposent de façon radicale, sous le signe filial, voire sen