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Affichage des articles du septembre, 2016

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Aller au cinéma ou le laisser venir à soi ? Chiner à satiété ou se soumettre aux volontés de la Chine ? Pratiquer une rassurante inertie ou s’aveugler d’avoir trop vu ? Méprisons le manichéisme et détaillons les mécanismes du « film-réalité »… Un article court de l’AFP, intitulé La salle de cinéma de demain, un lieu de vie hyperconnecté à son public , signé Sophie Laubie, daté du 27 septembre 2016, relayé un peu partout, d’ARTE à Sciences et Avenir en passant par TV5 Monde ou Le Parisien , nous apprend deux ou trois choses (dirait Godard) sur le futur d’un espace, d’un art, d’une industrie et d’une géographie. Le texte se base sur un rapport de Jean-Marie Dura, « ex-directeur général du réseau UGC et de la société spécialisée dans le numérique Ymagis », baptisé La salle de cinéma de demain et « remis à la présidente du Centre national du cinéma (CNC) Frédérique Bredin ». Cet exemple typique, pour ainsi dire, « d’information secondaire », de parasitisme médiatique (triplé p

Hunt for the Wilderpeople : Le Vieil Homme et l’Enfant

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Où l’on s’enfuit pour mieux se retrouver, dans une « résilience » d’enfance partagée…   Non, la Nouvelle-Zélande (son cinéma) ne se limite pas à Peter Jackson ni à ses tolkieneries : cette île dédoublée, sise « sous » l’Australie, explorée en images au début du vingtième siècle par un certain Gaston Méliès (oui, le frère de Georges), possède une longue tradition documentaire, créa politiquement la New Zealand Film Commission à la fin des années 70 (cf. son homologue l’Australian Film Development Corporation), se fit connaître à l’international durant la décennie 90, accueillit les tournages du Dernier Samouraï , de Avatar , et les cinéphiles connaissent les noms ou les œuvres de Jane Campion ( La Leçon de piano ), Andrew Adamson (deux Shrek , la série des Narnia ), Martin Campbell (plusieurs Bond et Vertical Limit ou Hors de contrôle ), Richard Curtis (scénariste de Quatre mariages et un enterrement , Bean ou Cheval de guerre , réalisateur de Love Actually ou Good Morning

Les Cinq Premières Minutes

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Compte à rebours inversé, usure des jours, fovéa sans foi ni loi… Incipit en uppercut . Premier plan sidérant. Tout va très vite. L’orgasme à soixante-six secondes des caresses. Le divorce dans le sillage des noces. Des mots mort-nés. Une sublime salope stellaire suçant assidûment la spirale de son désespoir. Le lapin d’Alice à la bourre. Conception de l’écriture mon cul. Pratique et file-moi la trique. Pas du rap et nul ne dérape. Avoir la vie tailladée braillait Aubert à New York. Ivresse de la vitesse. Sensualité de la rapidité. Sur l’autoroute baiser avec l’horizon. Sur Internet du débit à foison. L’existence ne possède aucun sens. L’art non plus. Garde-toi des marchands de significations issus ou non de la religion. Manger du poisson le vendredi. Se voiler en public. Déposer des cailloux sur une tombe. Belle obéissance réconfortante à l’arbitraire risible du dogme. Cortège laïque des rituels originels. Premier visage. Premier miroir. Première gifle. Première maladie. P

Philomena : Secrets et Mensonges

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Suite à son visionnage sur le service Pluzz de France Télévisions, retour sur le titre de Stephen Frears. Dans une autre vie, au siècle dernier, Stephen Frears réalisa des films ironiques, enragés, raffinés, vigoureux, évocateurs : on éprouvera toujours pour lui une vraie reconnaissance admirative grâce à The Hit , My Beautiful Laundrette , Prick Up Your Ears , Sammy et Rosie s'envoient en l'air , Les Liaisons dangereuses , Les Arnaqueurs , Héros malgré lui , The Snapper ou Mary Reilly , polar métaphysique, cartographies en direct de l’Angleterre de Margaret Thatcher, de l’Irlande prolétaire ou de l’Amérique médiatique et modèles d’adaptions littéraires. Certes, la liste comportait des échecs, par exemple le diptyque The Hi-Lo Country et High Fidelity , western anémique à la Wenders chez l’Oncle Sam et chronique musicale/familiale arythmique. Trois œuvres-véhicules suivirent, The Queen pour Helen Mirren, Chéri pour Michelle Pfeiffer et Tamara Drewe pour Gemma Art

Re-Animator

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Grands enfants, petits mickeys, gros enjeux et sillon profond… Comme les machines, les dessins possèdent une âme (« animés », dit-on justement et joliment). Artefacts par nature, encore artisanaux à l’ère du numérique, ils nous reflètent par réfraction, ils paraphent notre humanité industrieuse, amoureuse d’elle-même, de sa supposée réalité, au point de la dupliquer à l’infini, ad nauseam , dans le réflexe pavlovien de la mimesis figurative et narrative. Le cinéma permet cela, se prête volontiers au mouvement des choses, à la vitalité de l’invention même et surtout fantasmagorique. Méliès répondit vite à la célèbre question de Lamartine : oui, les objets inanimés s’avèrent dotés d’un esprit, on s’en amourache de manière vorace, bien guidés par le consumérisme contemporain (consommation de biens, d’images, de mythologies, d’enfantillages). Si plonger dans le moteur d’une Ferrari équivaut à visualiser le cerveau de son ingénieur (dirait Cronenberg), si Kraftwerk sut exprimer

The Priests : Deux hommes dans la ville

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Légion fait escale au « pays du Matin calme » (ou frais, propose Paul Claudel) ; n’hésitons pas à le rencontrer par procuration et avec émotion… Désormais, le Diable réside en Corée du Sud (les mauvais esprits penchent plutôt vers le voisin du Nord ou les États-Unis, où l’on s’apprête à voter pour lui, honteusement, affirment à raison Springsteen & De Niro). Après l’intéressant mais inabouti The Strangers , voici donc à nouveau une histoire d’exorcisme en Asie, ce qui change tout, bien sûr. Laissons les sociologues épris de « septième art » nous apprendre doctement la dimension politique et symbolique ( examen de xénophobie en souvenir collectif, blessure d’enfance en métaphore de la déchirure nationale) de cette renaissance inattendue autant que cohérente (l’Adversaire se plaît à séjourner, par pure perversité, dans des pays catholiques) pour célébrer un opus sud-coréen débutant par un dialogue en italien dans une église transalpine (double séduction de votre serviteur

La Fiancée du pirate

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Oublions les Caraïbes et cap sur la cybernétique, en bon littéraire ou en mauvais sujet… Quel monde merveilleux , comme le chantait l’inimitable Louis Armstrong (de surcroît sans ironie, lui) : piratage en masse des comptes de Yahoo! et de l’intimité photographique de Pippa Middleton, censure de PornHub et YouPorn par le prude Poutine préoccupé de natalité nationale (dans l’Hexagone, « MST », ainsi que certains trublions de droite dénomment Marisol Touraine, nous promet le comblement du fameux « trou de la Sécu » pour l’année prochaine, amen ), découverte pratique des joies et désagréments (ouverture intempestive de fenêtres publicitaires ou sécuritaires) du streaming par l’auteur de ces lignes (dans Mr. Robot , la drolatique série faussement révolutionnaire – depuis quand les capitalistes d’ABC abritent-ils en leur sein un nid anarchisant de geeks marxistes ? –, un séide du conglomérat « diabolique » lâche cette réplique ironique : « Et pas de téléchargement illégal, d’acc

Noé : Le Créateur

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Suite à son visionnage sur le service Pluzz de France Télévisions, retour sur le titre de Darren Aronofsky. Naguère « engodée » (dirait le poétique Frédéric Beigbeder) pour les besoins subliminaux du cacochyme Requiem for a Dream , la peu rancunière (ou alors sujette à des tendances suicidaires) Jennifer Connelly rempile sur le radeau (rameau) biblique du très surfait Darren Aronofsky ( Black Swan , cet ersatz oscarisé de Suspiria , assaisonné à l’écœurante sauce maternelle de Carrie au bal du diable ), auteur, cependant, d’un attachant The Wrestler (il devait beaucoup, presque tout, à Mickey Rourke, joliment flanqué de Marisa Tomei, oui). On pardonnera (presque) toujours un grand nombre de choses à celle qui fit ses classes avec Leone et Argento, qui grandit, comme tant d’autres, devant la caméra, jusqu’à devenir aujourd’hui cette femme belle et intelligente, cette actrice talentueuse et intense, à la filmographie largement inférieure à ses capacités (diptyque toutefois ass