Goliath

 

Un métrage, une image : Le Château de l’horreur (1974)

« La trépanation de la cervelle est en soi très justifiable » : l’œuvre d’Oliver, pseudonyme peu limpide, collectionne sans vergogne les répliques drolatiques, ce qui la rend à l’instant, en un instant, un divertissement souvent amusant, assorti de situations aussi stupides qu’irrésistibles, tant le sublime sait en sus, souvent, se métisser de risible, surtout au sein (aperçu plein) du ciné classé genré. On y retrouve un Rossano Brazzi en bout de course, presque à bout de souffle, l’acteur de valeur de Vacances à Venise (David Lean, 1955), La Charge de Syracuse (Pietro Francisci, 1960) ou L’or se barre (Peter Collinson, 1969), illico relooké en « comte » Frankenstein sérieux et toutefois espiègle, dialogue ad hoc, avant de visiter l’univers malsain de Damien (La Malédiction finale, Graham Baker, 1981) puis la grosse pomme pourrie, de nuit, d’Abel Ferrara (New York, deux heures du matin, 1984). Dans le rôle de l’adversaire, d’abord à son service, vite viré, en vérité vénère, Michael Dunn, pour l’éternité de la TV le mémorable Miguelito Loveless des Mystères de l’Ouest, se démène, en nain un brin bel et bien malsain, bis, voyeur, violeur, corrupteur et nécrophile, fichtre, portrait très chargé, à peine atténué par une pincée d’altruisme, à table et in extremis, perversité en toc d’une époque pas encore pasteurisée par une façon politiquement correcte, abjecte, de filmer, de penser, d’interpréter. Si Salvatore Baccaro, rebaptisé « Boris Lugosi », oh oui, doit sa filmographie à une forme d’acromégalie, à l’instar d’un Michael Berryman (La colline a des yeux, Wes Craven, 1977), Luciano Pigozzi, sorte de vrai-faux sosie d’Italie de Peter Lorre, traverse celles de Mario Bava & Umberto Lenzi. Quant à Edmund Purdom, médecin de Émilie, l’enfant des ténèbres (Massimo Dallamano, 1975), doyen du Sadique à la tronçonneuse (Juan Piquer Simón, 1982), il incarnera, croyez-le ou pas, Vittorio De Sica, à l’occasion d’un biopic de petit lucarne, consacré à la cara Sophia (Loren, who else?). Produit par le spécialiste Dick Randall, donc production à deux balles, construit en boucle bouclée, de lynchage lapidé, embrasé, combat de créatures en coda inclus, Frankenstein’s Castle of Freaks, appréciez l’allitération, aka, en tout cas in Italia, Terror! Il castello delle donne maledette, t et d en majesté, répétées, chic phonique de « femmes maudites », unit ainsi les nationalités, miroite en lui-même sa moralité, de montage, d’impureté, de pièces rapportées, puisqu’il s’agit d’un film horrifique et gothique, aux fondations évidemment mélodramatiques, d’une comédie (involontaire) de mœurs (d’adultère), comme délocalisée à proximité de cavernes (homme homonyme, type troglodyte) issues de la préhistoire, propices à faire fissa surgir les délices de l’humain gigantisme, sinon ceux du discret, humide, saphisme, spa de nanas, oh là là. Tout ceci se suit doté d’un indulgent plaisir, fait à fond, tout du long (quatre-vingt-dix minutes de doublé tumulte), sourire, obscur clair-obscur économique, dramatique (sens duel), humoristique, que la présence éprise de l’étudiante partenaire Christiane Royce/Rücker à elle seule éclaire.     

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