La Dame du vendredi

 

Un métrage, une image : La Femme écarlate (1969)

À Jacqueline, admiratrice de Monica & Maurice

Comme Macha, éclairée par il suo Carlo (Di Palma), Monica aima le rosso, profondo (Argento, 1975), deserto (Antonioni, 1964), en Dior, l’adore, pense à sa propre mort, en veut à mort, à Julien Sorel, non, au Julien de Hossein, qui, au lit, sudiste, à Nice, vient vite de Vitti baiser, au propre, au figuré, parfums en faillite, propriété spoliée. Rapatriée à Paris, elle s’y divertit, s’y étourdit, décide de s’accorder une semaine, au terme de laquelle elle tuera le « directeur commercial » très indélicat, ensuite se suicidera. De la voleuse malicieuse, d’Austin immaculée, de sombre pistolet, elle demande « plus clair » à l’armurier, la (dé)route croise celle d’un « releveur d’épaves », métier idoine, croyant au « mélodrame », Maurice Ronet, en retrait, émeut, immédiatement malheureux, amoureux, d’une bientôt « morte », illico Vertigo (Hitchcock, 1958), altruiste du porte-à-porte. Au dernier jour, au pied de la célèbre tour, il charrie Chabrol, Gégauff co-écrit, Génovès co-produit, en compagnie de Lombardi, cela explique ceci. Précédemment (mé)prise pour une prostituée, puis, un soir, par désespoir, rude solitude, détresse, tendresse, un brin putain, le prix de la passe offert à une professionnelle, car « superstitieuse » l’occasionnelle, la fille en fuite va-t-elle, au sommet, sauter, en mode Grace Jones (Dangereusement vôtre, Glen, 1985) ? Elle préfère ses fraises, sucrées, pas à sucrer, sourire au soulagé reflet d’Orphée, ultime plan composé, de l’opus plaisant et oublié. La Femme écarlate, via l’éphémère Valère, de Robert Hossein, Cayatte & Carné, Ophuls & Pottier, l’ancien assistant, six titres, en vingt-trois ans, rythme Kubrick, film infime, infirme ? Peut-être, certes, mais jamais dégueulasse, salace, doté d’une double grâce, lasse et fugace, celle de l’actrice, de l’acteur, regrettés, majeurs. Guère d’adultère, monotone, mode Hawthorne, plutôt une co-pro, de France, d’Italie, une tragi-comédie, munie d’amusante mélancolie, gravité lestée de légèreté, voire l’inverse. Ici, Vitti, aka « Madame Lombardi(e) », écoute du Nicole Croisille, donc du Colombier, compositeur classique pseudo, caméo au piano, lorsque la svelte Romaine se démène, sur un boy band de possible gang bang, plus proche des moches Juicy Fruits (Phantom of the Paradise, De Palma, 1974) que bien sûr des Beatles, écoule du Taittinger, du caviar dare-dare, porte des bottes, dessous noirs, une perruque rousse ou brune, distribue de la thune, séduit (le buñuelien Brook, le van bellesque Albert Simono, le Lartigau de trois Resnais), refroidit, cf. le caméo very vénère de Lucien Raimbourg, cousin de Bourvil, vu naguère chez Korber (Un idiot à Paris, 1967), saleté de « richarde », secourable, détestable. Elle se console, pas conne, au Hilton, fume de fins cigares, un petit pétard, voit rouge, oui, fondus à la Marnie (Hitch, 1964), misère des miroirs, gare au (gardien) Noir et Ronet papote avec un « sentimental » policier, un médium déterminé, une dame âgée, suicidée, momifiée, couple de ciné, aimable, à aimer, en définitive vers la (sur)vie, belle et nouvelle, (re)tourné…   

Commentaires

  1. A une date ...palindrome (Cher à Georges Perec), quel joli motif que votre billet à lecture cinématographique transversale ...cerise sur le gâteau, merci pour la dédicace carminée !
    "C’est sous la forme travestie de « Monica Wittig » que le narrateur de La Disparition (1969) rend hommage à l’auteur de L’Opoponax : l’altération graphique qu’opère Georges Perec suscite un étonnant rapprochement avec le nom de Monica Vitti, l’actrice-phare des films de Michelangelo Antonioni (L’Avventura, La Nuit, L’Éclipse), associant ainsi dans une même sophistication avant-gardiste l’actrice et l’écrivain."

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    Réponses
    1. Palindrome, persona, actrice ici, aussi là :
      http://lemiroirdesfantomes.blogspot.com/2022/02/clair-de-femme-schneider-dead-and-alive.html

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