Une autre histoire : Notre histoire
Roulette russe ? Succès Circus…
Chansonnette simplette, certes, à la
musicalité datée, même si Fanny Ardant défendait ardemment, dans La
Femme
d’à
côté
(Truffaut, 1981), la supposée vérité de ses dispensables semblables, assortie
aussi d’un clip caractéristique, telle une capsule temporelle, un récit de
jadis, qui mérite quelques lignes cinéphiles. Une autre histoire
commence comme Le facteur sonne toujours deux
fois
(Garnett, 1946), trio de bon aloi, vaudeville loin de la ville, station-service
au bord du hors service, dont le pompiste dépressif évoque un brin l’épave de Tchao
Pantin
(Berri, 1983). La jeune et jolie Annie Pujol, cliente au téléphone, en
parallèle présentatrice de TV, descendante de pétomane, du Gérard en calebard
alors la compagne, incarne une conductrice très lisse, avise le pare-brise, coup
de foudre contre coup de pompe, se voit au rétroviseur, surcadrage de la brune
et du moustachu inclus, cependant ne regarde en arrière, en direction de la
caissière, blonde amère, au lit illico,
esseulée aussitôt, dommage, ratage, aucune réconciliation sur l’édredon, voire
la couverture, au léopard pas là par hasard. L’aventurier avarié, de poche, au chapeau
d’Indiana Jones, placé sous cloche, pièce de musée de sa masculinité muselée, de
sa virilité verrouillée, relique nostalgique, drolatique et pathétique, posée à
son chevet, à l’écart des éclats de sa mégère presque apprivoisée, allongée en
peignoir + soutien-gorge immaculés, fuit fissa, salut du Sahara, polaroïd
auto-dissous, douane dubitative en prime, chercher la femme, impératif
optionnel, indicatif pulsionnel. Peut-être en retard au Paris-Dakar, il écope recta du crachat d’un indigène digne de
Rachid Bouchareb (Indigènes, 2006), touche pas à mon pote, à L’Aziza de casbah à Casa,
balaie Balavoine, remporte ta camelote.
La chambre d’hôtel semble issue d’un opus de Josef von Sternberg, Morocco
(1930) and Co., tandis que sur
l’écran noir de ses nuits blanches, Bardot, Nougaro, une nana décapitée, décapotable
de Lavilliers (Idées noires), topless, se déhanche, Annie ou non, à l’instar du serpent dansant de
Baudelaire flanqué de François Feldman. Cette sirène obsédante, d’obsédé, à la
suite de la sirène d’urgence au début entendue, déployée, silhouette
suréclairée, érotisme ripoliné, suivant la gymnastique tonique de Davina &
Véronique relooké, boucle (loop) à la
loupe de publicité plutôt que de porno prohibé, rime encore avec de mimétiques
corps, idem sans tête, aux poitrines
féminines itou offertes, flashage, double sens, puisque s’exhiber en anglais, Gainsbourg
ne se goure (Stan the Flasher, 1990, Berri, bis), façon Flashdance (Lyne, 1983), où
la mimi Miss Beals, n’en déplaise aux
mecs machistes, se soucie, en soudeuse amoureuse, de désargentée sidérurgie, dynamique
de l’aérodynamique : ceux du Cargo d’Axel Bauer, Mondino en mode
homo, j’aime Genet, je préfère Fassbinder, du Body Double (1984) de Brian De
Palma, machination méta. Il s’agit ainsi, au creux et au cœur des trois cas, des
trois gars, d’une mentale image, d’un hormonal mirage, du fantasme mammaire
d’un autre âge. Le règne advient, de la femme forte et toutefois salope,
fulminent les féministes, des années quatre-vingt, selon Sardou surtout, les
mâles se sentent mal, ils matent à domicile du X US, en VHS, ils s’astiquent le
joystick en solitaire, misère, à la
suite de Blanc & Bauer, devant d’inaccessibles, adorées déesses, dotées de seins
et fesses sveltes, pubis fourni, visage évanoui. Afin d’atteindre l’Ariane
d’Agadir, de dépasser le pire, le type en pleine déprime plonge parmi une
piscine, Isabelle Adjani, apaisée, plus possédée (Possession, Żuławski, 1981), opine, en Pull marine, Serge se délecte,
Besson sert de petit poisson, espace sexué, d’humidité genrée, la Vénus de
Botticelli valide, d’onirisme amniotique, catalyseur de cauchemar, de traquenard,
cf. La
Féline
(Tourneur, 1942) puis Suspiria (Argento, 1977).
Baptisé, purifié, il peut accéder au
réel, à la reconnaissance fraternelle, sinon éternelle, poignée de mains (de
la) maîtresse du destin, parité trempée, surimprimée, d’une histoire ensemble à
(se) raconter, en effet d’altérité, d’égalité, d’accord accepté, écho au
courant passé. Pourtant, auparavant, il convenait de traverser le désert de la
solitude, assoiffé d’aimer, d’être aimé, d’échapper à l’apparition de
perdition, en résumé de suivre la voie et la voix de L’Atlantide, étouffée de
Feyder (1921), parlante de Pabst (1932). Réalisateur éphémère, cf. Un
été d’enfer (1984), co-écrit par Claude de Givray, le co-scénariste de Baisers
volés
(Truffaut, 1968), Schock se moque du prude YouTube, se fend ou se fiche
d’une affiche prophétique, de pseudo-pandémie d’aujourd’hui, use d’un
symbolisme sexuel non démuni d’humour, cadre les cuisses écartées du
compositeur acteur cardiaque des Bidasses en folie (Zidi, 1971), des Bidasses
en
vadrouille
(Caza, 1979), de Nettoyage à sec (Fontaine, 1997), en
V vaginal inversé, cale sa trame au millimètre sur le rythme du court item, fait fumer au Gaulois, locution à
la Macron, des Gauloises, la gaule en dégringole, no cigarette after sex, but before, à tort, explose au ralenti une tirelire
de taxi écarlate, quand précédemment, le Monsieur Loyal du Martin Circus déclarait Je m’éclate au Sénégal, déjà gueule de
bois du colonialisme occidental, de surcroît sentimental, Mon légionnaire mis à jour à
la sauce SG ou La Bandera (Duvivier, 1935) dimension pédée. Si le clip, tout autant
aquatique, davantage mécanique, moins historique, quoique, car interdit de MTV,
il marqua les rétines et les esprits, a
fortiori des adolescents turgescents,
viens voir Maman, mon grand, du Boys (Summertime Love) de la
sympathique et symptomatique Sabrino Salerno, Brass en boit la tasse, cristallise
de facto l’hédonisme assumé, la vulgarité ensoleillée, de l’Italie de
Silvio Berlusconi, celui-ci cartographie en filigrane une France d’impuissance,
un exotisme de l’intime, un retour rêvé, avéré, en antidote, au Maroc.
Une autre histoire, intitulé à
prendre et à interpréter au propre, au figuré, met en musique un romantisme en
mode M6, met en scène Notre histoire (Blier, 1984), salutations à Delon, s’adresse à notre
mémoire, dévie, en souvenir disons inconscient d’Antonioni (L’avventura,
1960), de l’aventure, dévaluée, invalidée, à peine propice au placement de
produit, au commerce médiatisé des sponsors
de discutable et secourable rallye, Sabine & Balavoine, bis, ou, allons bon, des bidons d’Elf
aperçus en contexte, vers l’aventure renouvelée, redessinée sous le signe de la
modernité, esthétique, erratique, couple en route, en déroute, mimine magnanime
de Monica en coda sur l’épaule du coupable, geste célèbre ici repris, traduit,
par l’aristocratique Annie, sus aux sucettes suspectes à l’anis, ersatz
d’Eurydice associé en majesté à l’obstiné Gérard Blanc, Orphée flottant,
ruisselant, renaissant.
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