Neverknock : La Somme de toutes les peurs


L’huis ou l’ennui ? Toquer ou toqués ? Ne pas (se) frapper le film point frappant.


I’m a back door man
The men don’t know
But the little girls understand

Jim Morrison

J’écrivis jadis, à propos de Kaw (Sheldon Wilson, 2007) : « idéal pendant un gris après-midi dominical » ; je pourrais réutiliser ceci au sujet de Neverknock (Sheldon Wilson, 2017), téléfilm Syfy inoffensif, presque insipide, qui toutefois se suit sans déplaisir, séduit par son soin, saluons la cinématographie de Scott McClellan, remarquons l’oscillation du steadicam, même non mentionné au générique. L’ouvrage se déroule durant Halloween, inclut une incantation à la Candyman (Bernard Rose, 1992), repose sur une porte ouverte sur une épouvante personnalisée, idée individuelle, collective, bien sûr empruntée au Ça de Stephen King. Chaque personnage possède par conséquent sa propre phobie, les aiguilles, le sang, les chiens, les asticots, le feu, en sus des serpents du prologue. Grace, nouvelle arrivée, rescapée d’un accident où périt sa maman, carbure à la culpabilité, doit s’occuper de sa cadette en l’absence d’un père toubib, invisible. Cet adorable diablotin ne s’effraie de rien, parvient à surmonter, mimines attachées, une noyade de baignoire, seule survivra à la fin de l’histoire, victorieuse à main armée de la Faucheuse en déroute, enfin dissoute. La cheerleader assez chiante, le chevalier peu valeureux, l’archère trop sincère, la Janis Joplin orpheline, la cow-girl homosexuelle, tous (re)connaîtront la créature impure, polymorphe, subjective et nocive, ressuscitée par l’adolescente écorchée précitée, probablement pubère.


Ici comme ailleurs, le passé ne saurait passer, personne ne se dispense de la légende urbaine trentenaire, mortifère. Le flic en uniforme découvreur de cadavres ressemble désormais à un obsédé alcoolisé, un pèlerin du pire, un gardien des sinistres souvenirs. L’appréciable Nicholas Campbell, inoubliable policier assassin en série de Dead Zone (David Cronenberg, 1983), prête ses traits usés au caméo hélas écourté. Sinon, signalons un casting anecdotique mais impliqué, un labyrinthe à la ruralité rafraîchissante, un premier trépas presque poignant, le temps d’un plan d’épaule impitoyable, de visage renversé inutilement vers le Ciel inclément, inexistant. Commencé au sein du cimetière de La Nuit des morts-vivants (George A. Romero, 1968), sous un soleil livide issu de Massacre à la tronçonneuse (Tobe Hooper, 1974), Neverknock présage son développement létal et cartographie son Neverland à lui, mausolée de l’enfance perdue étasunienne dont les adultes s’avèrent absents, impuissants. D’une « maison de l’horreur » à l’autre, le programme respecte le sien,  sexe exit, un zeste de gore, de la jeunesse en (re)présentation, à destination, reste à la surface, les amateurs de véritable horreur grimacent, alors qu’il pouvait, pourquoi pas, creuser la (tombe) voie du mélodrame maternel, pluriel. Demeure donc un divertissement minimal, produit recyclé repeint de frais, clin d’œil de coda. My gloomy Sunday, indeed...


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