Hérédité

 

Un métrage, une image : Bloodline (2019)

Bouse de Blumhouse ? Réponse à distance au Fabuleux Destin d’Amélie Poulain (Jeunet, 2001). Filmé par un admirateur du cinéma de Brian De Palma, remarquez les clins d’œil à Carrie au bal du diable (1976) et Pulsions (1980), du split screen, in extremis, l’utilisation, ce conte tendu et sarcastique possède un titre explicite, à la fois de lignage et de sillage. Bloodline (Jacobson, 2019) nous escorte donc à la rencontre de Cole, « assistant social » altruiste, père protecteur, mari amoureux – mais finalement aussi dément que sa rousse maman. Elle-même s’occupe de son côté d’une infirmière guère exemplaire, dont la nudité frontale et dorsale risque d’irriter les cinéphiles féministes. Entre deux égorgements, entre deux enterrements, on ne se détend, on suspecte un inceste, on se souvient du géniteur de malheur, fissa enfoui au sein d’une fosse, à proximité d’anonymes prédécesseurs. De mère en fils s’exerce ainsi une secrète (in)justice en famille(s), délestée du moindre soupçon de miséricorde et de croyance en une quelconque rédemption. Face à un flic lucide, toutefois placide, l’épouse orpheline va-t-elle douter vite, trahir son type ensuite ? Elle décide d’un rendez-vous relou, elle se débarrasse de la jeune menace, elle rédige sur mobile un message post-mortem de deus ex machina maculé, peu sympa, d’alibi en ligne. Au loin, Cole observe et sourit : à la cellule de la prison se substitue celle du foyer, folle et fortifiée. Bien servi par un casting convaincu, convaincant, mentionnons les noms de Seann William Scott (Évolution, Reitman, 2001 ou Southland Tales, Kelly, 2007), Mariela Garriga (Nightmare Cinema, Brugués, Dante, Garris, Kitamura, Slade, 2018), Kevin Carroll (Dans la peau de John Malkovich, Jonze, 1999), Bloodline déploie une violence réversible, un héritage de dommages, séduit en raison d’un rythme lent, à contre-courant, de la précision des plans. Plutôt qu’une apologie jolie du châtiment immanent, à mort les tourmenteurs, sus au cynisme, il s’agit d’un portrait très étasunien de psychés perturbées un brin, d’une étude des turpitudes de la complicité-culpabilité partagée, en sus des rances apparences et d’une maternité anémiée. Enfants, adolescents, parents, tous se rassemblent et se ressemblent sous le signe du sang...   

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