L’Été où j’ai grandi

 

Un métrage, une image : Summer of 84

Téléfilmé à domicile par trois Québécois, cet item à la Netflix empeste le jeunisme, le manichéisme, (res)sert la soupe de/à la nostalgie rassie d’une imagerie colonisatrice, d’US et cynique  infantilisme. La médiocre mise en images des idem enfantillages d’un script de rien, très étasunien, à base de provincialisme, de puberté, de paranoïa, dispose ainsi de gentils petits, dotés de méchants parents, aux prises avec un flic peu catholique, puisque porté sur la disparition puis la dissolution d’adolescents, vous m’en direz tant. Par mansuétude cinéphile, on se gardera de comparer cela à ses modèles assumés, assommants ; par charité littéraire, on évitera de parler de Jim Thompson, on invite vite à (re)lire Le Démon dans ma peau ou un épisode bien malsain, au doute guère cartésien, de l’autobiographique Vaurien. Il s’agit, en définitive, d’un récit rétrospectif, d’une moralité (con)formée en boucle bouclée, au caméscope de camelote – « une vidéo ne ment pas », le David Cronenberg de Vidéodrome (1983) appréciera. Assorti d’une romance de malchance, structuré autour d’une « chasse à l’homme » au carré, Summer of 84 accumule ses silhouettes suspectes d’adultes incrédules, sur le point de divorcer, violents, méprisants, impuissants, portraiture ses quatre pirates de carton-pâte en obsédés de Boudoir, en hors-la-loi pour voir, déchoir, car le fifils en « surcharge pondérale » de l’esseulée infirmière lacrymale succombe in fine au refroidissant policier, égorgeur rancunier (se) promettant au secoué survivant, narrateur à vélo, vous suivez, de lui pourrir, surtout en esprit, le restant de sa vie, voui. Délesté de regard et d’originalité, de rythme et de densité, mal écrit et mal interprété, Summer of 84 représente par conséquent un exemple éloquent de ciné simulé, synthétique, escorté de synthétiseurs anémiques, un gros placebo pas même rigolo, un pensum si sérieux, jamais aventureux, déjà dépassé aussitôt sorti, donc dignement indigne d’une vaste cinématographie à (re)découvrir.        

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Les Compagnons de la nouba : Ma femme s’appelle Maurice

La Fille du Sud : Éclat(s) de Jacqueline Pagnol

L’Enfer d’Henri-Georges Clouzot : Le Trou noir