Les Misérables : Germinal

 

Le dénuement du beuglement…

Comme avec Germinal (Berri, 1993), représenter la pauvreté coûte beaucoup et pourtant rapporte encore plus, ne le niera l’acclamée, oscarisée, Anne Hathaway. D’une morte-vivante à la suivante : dans le plutôt plaisant Les Passagers (García, 2008), l’actrice, in extremis, prenait conscience de son décès, l’acceptait, en écho, tout là-haut, à la terrestre noyée motorisée, assourdie puis dessillée, du sensoriel et financé en bouts de ficelle Carnival of Souls (Harvey, 1962). Selon Les Misérables (2012) à succès du sieur Hooper, Tom, exit Tobe, la revoilà relookée en performeuse malheureuse, coiffée, costumée, maquillée à la mode de l’au-delà, un chouïa à celle de la Shoah, toutefois point celui, féminin, fiévreux, refroidi, de Lucio Fulci (1981). Fantine ne vit « parmi la terreur » transalpine, majuscule hexagonale optionnelle, elle survit au milieu de l’horreur, échangeant ses cheveux, vendant ses dents, se prostituant pour son enfant, la peu proprette, et pour cause, Cosette. On sait déjà comment tout cela (se) finira, ressassé au ciné, sur scène. Si Hossein (Les Misérables, 1982) n’en faisait pas trop, malgré le matériau de gros mélo du pédago Hugo, se limitait à (dé)montrer la déchéance physique et psychologique de l’ouvrière idem victime de Javert via des images fixes de Miss Bouix, procédé en partie repris de la régression du greffon des Yeux sans visage (Franju, 1960), le réalisateur de l’assez sympathique et très anecdotique Le Discours d’un roi (2010), du catastrophique Cats (2019), choisit le plan-séquence en son direct, mazette, dévisage le visage de naufrage. Auparavant, une plongée tremblée, rapprochée, un cut sur une résurrection en carton, un décadrage de semi-obscurité… Sans soupçonner l’intéressée de cynisme, sans douter une seconde de sa sincérité factice, la voici bel et bien desservie par l’insupportable scie de Schönberg, Jean-Michel, adios, Arnold, par une insistance de ciné instantané supposée susciter un réalisme émancipé, en particulier des contraintes du lip synch. Hélas l’aria, jamais à la hauteur de la nostalgia d’une Tosca, s’avère vite risible, guère crédible, pas loin de l’inaudible (de l’inécoutable). En matière « mythique », de plainte épique, que vive, The Wiz (Lumet, 1978) !

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