Elena et les Hommes

 

Un métrage, une image : Le Domaine (2019)

Ça sent le renfermé, à la Hérédité (Aster, 2018), matez-moi mes cadres en widescreen millimétrés, mes deux clins d’œil en contre-plongée, à la porte de Shining (Kubrick, 1980) puis au cercueil de Vampyr (Dreyer, 1932). En matière de musique, le cinéaste scénariste cite aussi Rossini, sa pie chipeuse, par conséquent, par ricochet, électro-chocs inclus, domestiques, Orange mécanique (Kubrick, 1971), chic. Hélas, pas de place ici, tant pis, pour le soupçon d’une réflexion en action(s), sur les risques de l’intégrisme, ni les conséquences de la violence, Carl Theodor & Stanley peuvent continuer à roupiller, sur leurs supérieurs lauriers. En vérité, Le Domaine s’avère en définitive un hybride du Village (Shyamalan, 2004) et de World War Z (Forster, 2013), associant autarcie et zombies, justifiant l’enfermement, voire le « confinement », au moyen des morts-vivants. Si Paso à Salò ne manquait d’humour noirissime, son descendant débutant, appelé, acclamé, Roberto De Feo, pourvu d’une plume du « deuxième sexe », s’enlise dans le mélodrame maternel à la truelle, au féminisme superficiel, les femmes ordonnent, se soumettent les hommes, in fine doublement mensonger, par épuisante (sur)protection, par d’adolescente séduisante omission. Bien éclairé, bien interprété, selon des équipes « artistique » et « technique » en majorité issues du court, de la TV, Il nido, titre explicite en VO, donne, avouons-le, envie de vomir, et sa xénophobie rassie, jolie, à faire jouir les minables du Rassemblement national, les gugusses de la Ligue du Nord, oh oui, encore, ferait presque paraître inoffensive celle du sinistre Shyamalan, idem spécialiste, en petit malin mesquin, du « coup de théâtre » final, fatal. Que nous assène l’interminable et désincarné Domaine, durant et au terme de ses cent huit minutes d’auteuriste tumulte ? Qu’il ne fallait pas démolir le matriarcat a priori peu sympa, que le fascisme, celui du récit, celui de la réalisation, au fond se justifie, fi de Rossellini et compagnie, que lui seul sait contenir à l’écart la masse forcément menaçante des vicieux et viciés ressuscités, accessoirement son équivalent de « migrants », de contaminants, CQFD…

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