La Passante du Sans-Souci : Trois jours à Quiberon

 

Les vandales et le violon, l’indécence de l‘identification…

Dans Cet obscur objet du désir (Buñuel, 1977), deux actrices, Carole Bouquet & Ángela Molina, incarnent un seul personnage ; dans La Passante du Sans-Souci (Rouffio, 1982), la même comédienne, Romy Schneider, interprète un double rôle, à la suite de Marie Bell (Le Grand Jeu, Feyder, 1934) & Kim Novak (Sueurs froides, Hitchcock, 1958). D’un ouvrage au suivant, il s’agit aussi d’un masculin récit, dont le couple principal décède au final, victime du terrorisme. Quand (feu) Carrière relisait Louÿs, Kirsner retravaille Kessel et son bouquin un brin prophétique. Concrétisé au creux d’un contexte largement documenté, délesté de pitié, puisque constitué d’un divorce, d’une maladie, d’un deuil, épreuves à répétition propices à (re)produire des parallèles à la truelle, entre l’œuvre et la vie, la personne et la persona, l’existence et le cinéma, La Passante du Sans-Souci s’inscrit en sus au sein d’un sillage dispensable et respectable, celui d’une tétralogie, guère wagnérienne ni sereine, contre le déni, d’une contrition d’occasion(s), citons Le Train (Granier-Deferre, 1973), Le Vieux Fusil (Enrico, 1975) et Portrait de groupe avec dame (Petrović, 1977), comme si Romy se sentait obligée d’endosser une responsabilité de crime national en réalité international, accessoirement de corriger à distance les discutables admirations et fréquentations de sa fameuse maman. Flanquée du fidèle Michel (Piccoli) et du revenu, après Garde à vue (Miller, 1981), Delerue, la voilà devant toi et moi une dernière fois, habillée d’une robe de soirée à la Delphine Seyrig (Peau d’âne, Demy, 1970), autre conte de fées défait, œdipien à plein. Chez Miller & Herman + Audiard, sinistre némésis, la Martineau de Serrault accusait son époux d’être pédo puis se suicidait illico, coda d’aube en auto et de conjugal fiasco. Ici, au contraire, Romy Schneider irradie en seconde et première mère remplie de lumière(s). Ouvertement mélodramatique, voire académique, la scène jamais obscène interroge de Diderot le réputé paradoxe. Néanmoins le mémorable sourire humide de Romy matérialise Elsa (& Lina), sorte de surimpression instantanée esquivant le piège de la bio psycho à la Spoto, filigrane de corps et d’âmes, acmé de ciné pour résister et respirer.

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