Docteur T et les Femmes
Un métrage, une image : Le Cas du docteur
Laurent (1957)
Quarante-deux ans avant Romance
(Breillat, 1999), voici donc un véritable accouchement ; trente-et-un an
avant Faux-semblants (Cronenberg, 1988), Gabin joue déjà au gynéco (d’occasion).
Ni Pagnol (La Fille du puisatier, 1940) ni Duvivier (Le Petit Monde de don Camillo,
1952), même en tandem avec Barjavel, Le
Chanois (Les Misérables, 1958) s’avère vite un artisan transparent se
reposant sur son casting choral
excellent et sur l’éclairé talent d’Alekan, DP illustre rebaptisé
« directeur des prises de vues ». Au creux accentué d’une vallée évidemment
vaginale, on assiste, séduit en sourdine, à une petite leçon d’obstétrique
« psychoprophylactique », de soft
féminisme sudiste, de déontologie jolie. Du cas de Catherine, Miss Monfort
serre son gilet très fort, à celui de Francine, l’élève Nicole Courcel (ne) se rebelle, le médecin parisien, pourtant jamais « malsain », comme la curiosité
homonyme, se sent « responsable » de ses patient(e)s et non leur « propriétaire »
paternel, paternaliste, patriarcal. Si le dénouement motorisé – femme au
volant, vie au tournant – annonce La Bonne Épouse
(Provost, 2020), l’item sympathique
et prosélyte, en définitive anecdotique, évite l’écueil du manichéisme sexiste,
se déleste de misogynie, de misandrie, ne souligne la condescendance, les
médisances, leur oppose (et à « l’ignorance ») une solidarité
souriante, mouvante, émouvante. Comment conduire, comment se conduire, sinon en
direction de la compréhension (de son corps), de l’émancipation (de son
sort) ? Cette démonstration point concon d’un cinéma d’autrefois,
qualifié, sarcasme pour une fois accordé, bien nommé, « de papa »,
paraît peut-être, in extremis,
davantage révolutionnaire que l’avènement en vague de ses juvéniles confrères,
car à la suite du disque didactique, suggestif, il donne à voir, de facto, pro domo, une coda en acmé, de maïeutique cinématographique
(montage d’Emma, Madame Le Chanois), écho du spectacle du film musical (Tous
en scène, Minnelli, 1953) ou du combat du film sportif (Rocky,
Avildsen, 1976).
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