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Un métrage, une image : Josep (2020)

L’opus primé, à Annecy, à Paris, repose donc sur une mission de transmission : le petit-fils écoute à l’improviste « l’histoire orale » du grand-père pas si mortifère, censée nous éduquer, sinon nous édifier, en reflet. Structuré en trois parties, espaces, temporalités, Josep trouve son unité au moyen d’une pensée en train de ressusciter sans ressasser, de revenir en arrière afin de saluer la lumière. Écrit par Jean-Louis Milesi, partenaire depuis longtemps de Robert Guédiguian, le biopic épouse le parcours chaotique et cosmopolite d’un dessinateur antifranquiste. S’il évite de dévier vers un manichéisme assumé – les gentils réfugiés face aux méchants Français –, le film use parfois d’un symbolisme scolaire, cf. l’affreuse figure du lamentable gendarme un brin porcin, fissa transformée en tête de cochon, les pleureuses façon « moi aussi » apprécieront. La métamorphose s’impose pendant un viol commis oui ou non « en réunion » au creux du « camp de concentration » et s’accompagne d’un bruitage infernal, comme celui d’une loco molto loca, en écho d’assaut et de tombeau à la coda ludique et explicite de La Mort aux trousses (Hitchcock, 1959). Muni d’un graphisme inventif, aux esquisses évocatrices, en surimpressions à profusion, doté d’une bande-son à l’unisson, remarquez la musique composée ou supervisée par Sílvia Pérez Cruz, qui prête itou sa voix à l’intrépide Frida, car Kahlo en corset coco illico rencontrée à Mexico, Josep pâtit pourtant de personnages trop sages, d’un déploiement privé de développement, d’approfondissement, d’une moralité digne de la dérisoire méthode Coué, à la couleur tu te consacreras quand ta peur tu apprivoiseras, amen. On traverse ainsi des territoires clos, obscurs puis éclairés, le camp, l’appartement, l’atelier, le musée. À New York, les enseignes se placent sous le signe du jazz ; parmi les Pyrénées-Orientales, un soldat et surveillant colonial philosophe à fond sur la nécessité d’allier le noir au blanc et inversement ; sur un gros bateau, la fiancée avec tendresse dessinée, caressée, œil ouvert ou fermé, se révèle une femme défigurée, aux yeux bleus. Aurel s’inspire des tracés de Bartoli, leur (re)donne vie, néanmoins il légitime en catimini le trépas de sang-froid, pendaison du « porc » précité, à « balancer », au bout d’une corde à se balancer, ou exécution d’évasion en camion, à croire que cette violence constituerait une bonne réponse à la raciste et misérable maltraitance, a contrario de l’art œcuménique, de l’amitié désintéressée, prolongée, handicapée, sorry, mon Serge si solidaire. Josep s’achève via un puzzle complété, la pièce rapportée du visage crayonné d’un ensommeillé ou d’un décédé, la maman l’abhorre absolument, glissée entre les interstices du présent et du passé, accessoirement sur le mur de l’hommage. Didactique ratage ? Disons portrait(s) imparfait(s).

Commentaires

  1. https://www.arte.tv/fr/videos/089763-000-A/les-caricatures-de-karl-lagerfeld/
    http://jacquelinewaechter.blogspot.com/2012/05/regne-animal-initiales-zoomorphes.html

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