New York 1997 : Manhattan

 

Suite à son visionnage sur le site d’ARTE, retour sur le titre de John Carpenter.

À revoir en VO New York 1997 (1981), on s’aperçoit qu’il prévoit les « migrants » et le « 11-Septembre », qu’il séduit aussitôt grâce à la constance de son élégance, qu’il s’avère un survival cynique. Tout le monde le croit mort, à tort, cependant l’erreur révèle la vérité du soldat salué, du braqueur de banque à collègue et coincé (façon Subway, Besson, 1985), du messie menacé – Snake Plissken respire à peine, il observe davantage qu’il ne s’active, il suit, menotté, contaminé, la « ligne orange » du programme imposé, le compte à rebours sans détour. Dante possédait un guide dénommé Béatrice ; le mercenaire en sursis marche à côté de Maggie. «  A Debra Hill production », Escape from New York limite la bien-aimée Adrienne Barbeau à un rôle mutique, au décolleté certes éloquent, surtout après le valeureux véhicule de Fog (1980). Toutefois l’actrice complice parvient à émouvoir via son au revoir, suicide assez superbe d’une « poule » en définitive sentimentale, amoureuse d’un Harry Dean Stanton avide d’exil, le Wim Wenders de Paris, Texas (1984) s’en souviendra fissa. Escorté par ces deux femmes fréquentables, qu’il fréquenta, mentionnons en sus le caméo de la désormais bien oubliée Season Hubley (Hardcore, Schrader, 1979), mère mariée au sieur Russell, fumeuse de supermarché qui flirte avec Snake, Carpenter réalise donc un modèle d’individualisme à la sauce US, preuve supplémentaire qu’il ne croit guère au solidaire, au groupe souvent assimilé à un amas d’adversaires, cf. The Thing (1982) ou Prince des ténèbres (1987), diptyque de SF dépressive. Il suffit de comparer sa dystopie emmurée aux utopies et au sens de la communauté dispensés en tandem par Cimino & Eastwood, autres maîtres américains du filmage de l’espace local, urbain ou rural.

Ni Voyage au bout de l’enfer (1978), quoique, ce futur fait frémir, ni La Porte du paradis (1980), en dépit d’un pont plombé, passage salvateur à l’extrémité du territoire mouroir, aux couloirs/canyons de traquenard, ni Josey Wales hors-la-loi (1976), malgré la guerre, la division, la sécession, ni Bronco Billy (1980), dommage pour le drapeau national cette fois-ci placé à la verticale, à proximité d’une célèbre statue, remarquez l’oxymoron pas con de LIBERTY et SECURITY, métonymie d’un « État policier et raciste », dixit l’aérienne terroriste, plus tard en détail visualisé selon Invasion Los Angeles (1988), New York 1997 regarde vers l’avenir et revient en arrière, retravaille la suspecte quête entre mecs de Apocalypse Now (Coppola, 1979), affiche à son tour ses flambeaux fachos, ses têtes décapitées, sa jungle (d’asphalte, à la Huston, Quand la ville dort, 1950) décadente, de cimetière à ciel ouvert. En desperado ne songeant qu’à sauver sa peau (de serpent), Snake se contrefout en effet de la pseudo-paix mondialisée, d’une conférence à « fusion nucléaire » supposée salutaire. Le kidnappé qu’il doit délivrer, président amputé, crucifié, humilié, décidera d’ailleurs de décimer le Duc avec tumulte, se verra ridiculisé, bien rasé, merci à la cassette à chansonnette du taxi d’Ernie (Borgnine). Récit de chantage et d’outrage, New York 1997 adresse en sus des clins d’œil inconscients à La Grande Vadrouille (Oury, 1966) et au Corniaud (idem, 1965), car voiture coupée en deux, planeur en hauteur, car périple en « zone occupée », objet à véhiculer. Western de stase au pitch un peu inspiré par celui de La Prisonnière du désert (Ford, 1956), déplacement immanent et immobile, conte nocturne à l’arène ancienne et néanmoins en rime à celle de Mad Max : Au-delà du dôme du tonnerre (Miller, 1985), le film bénéfice d’une racée direction de la photographie, d’un casting choral impeccable, d’une science insolente du cadre et de la mélancolie ludique de sa musique emblématique, of course co-composée par l’auteur « complet ».

Fatigué, Plissken épargne le marionnettiste Van Cleef et reviendra vite du côté de la côte ouest, pour de ses stimulantes mésaventures la mise à jour véloce et vitaminée, intitulée, en toute référentielle simplicité, Los Angeles 2013 (1996)…

Commentaires

  1. Leonard Cohen - Democracy. https://www.youtube.com/watch?v=DU-RuR-qO4Y
    Howard in Hollywood: Top Noine Moments https://www.youtube.com/watch?v=YZBB0fwM-W8

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. https://www.youtube.com/watch?v=CtVyl402W5s
      https://www.youtube.com/watch?v=mtLNqCVkq-A

      Supprimer
    2. I Marziani hanno 12 Mani (1964) - Piazza San Giovanni Bosco
      https://www.youtube.com/watch?v=GJxeUVwDb2M

      Supprimer
    3. https://www.youtube.com/watch?v=NzC5qlbSNAs
      https://www.youtube.com/watch?v=86KJslAwHnE
      https://www.youtube.com/watch?v=fay4w5625AQ

      Supprimer
    4. Catherine Sauvage - L'homme (1979)
      https://www.youtube.com/watch?v=67le00V3WuI
      Jacqueline Danno "Johnny, tu n'es pas un ange"
      https://www.youtube.com/watch?v=qL-Gyu45S7Q
      "En attendant des jours pires", Pascal Mathieu
      https://www.youtube.com/watch?v=vYdgGUlnjTA
      Guesch Patti "L'Homme Au Tablier Vert" (Fleurs Carnivores) - Nomades (1990)
      https://www.youtube.com/watch?v=DTFbpLtuiwg

      Supprimer
    5. https://www.youtube.com/watch?v=by1RRP9wa_Y
      https://www.youtube.com/watch?v=n1pPQiqO58w
      https://www.youtube.com/watch?v=BkHrpPI97Kc
      https://www.youtube.com/watch?v=fSChfByWNqI

      Supprimer
    6. Il ne me reste rien · Jean Guidoni.
      Lyricist: Jean Guidoni
      Composer: Didier Pascalis
      https://www.youtube.com/watch?v=v9VpVl1rxL4

      Supprimer
    7. https://www.youtube.com/watch?v=F9pS7iZzNgQ

      Supprimer
    8. Reflet spectral pictural hommage au film Le Cercle rouge...
      https://www.agoravox.fr/culture-loisirs/culture/article/gerard-fromanger-1939-2021-la-233946

      Supprimer
    9. https://www.youtube.com/watch?v=l8sFfGpWeSo

      Supprimer

Enregistrer un commentaire

Posts les plus consultés de ce blog

Les Compagnons de la nouba : Ma femme s’appelle Maurice

La Fille du Sud : Éclat(s) de Jacqueline Pagnol

L’Enfer d’Henri-Georges Clouzot : Le Trou noir