Une affaire de famille

 

Un métrage, une image : La Fleur du mal (2003)

Doté d’un titre à deux balles, aussi pourri que celui de l’insipide aussi Bellamy (2009), Baudelaire & Maupassant n’en demandaient pas tant, l’œuvre s’ouvre sur un escalier à la Frenzy (Hitchcock, 1972), pardi. Chabrol s’imagine au milieu des Atrides, il se prend pour Lang, il pense à Kant, en vérité il délivre un livide et médiocre téléfilm, digne de compléter la collection à la con des piètres polars provinciaux diffusés le samedi soir sur France 3, chaîne ici co-productrice. Co-écrit par Caroline Eliacheff & Louise L. Lambrichs, La Fleur du mal carbure donc à la culpabilité décuplée, au passé ressassé, au parricide en replay. En mode pilote automatique, sinon gastronomique, vive les huîtres et les truites, même si la cuisine US ne mérite le mépris, le réalisateur agrémente ses lamproies à la noix d’un zeste d’inceste, de deux cinq à sept au labo illico, le second muni d’une dimension méta, puisque actrice propice à soigner sa gorge évidemment profonde, mes amitiés à Linda Lovelace (Deep Throat, Damiano, 1972). Tandis que le directeur fornicateur, corbeau de collabo, ainsi s’occupe au bureau, sa dame court la campagne électorale, ne se détraque à cause du « tendancieux » tract, aime les HLM, savoure in extremis la sanction des élections à la con, bis, au sein de son salon en représentation. À l’étage, le cadavre du volage ne dérange les échanges, n’efface la « bonne figure » des impures, générations à l’unisson de femmes homicides. Gérard gît, jadis il désirait, aviné, violer sa belle-fille, possible sœur de son propre fils peut-être putatif éprise, vous suivez ? En boucle bouclée, le récit mimi affiche une faute transférée, un héritage de dommage, l’Occupation repeinte en scène primitive historique et traumatique du présent pesant, « étouffant », tu m’en diras tant. Chez ces gens-là, bêlerait Brel, sis du côté aisé du peu poussiéreux Pyla, rien ne va, ça empeste le pseudo-complexe d’Œdipe, la psychologie de Prisunic, pléonasme, démontrée, étudiée, ça parlote et ça vote, la vigne ça évite, ça se casse en Amérique. Qu’un cinéaste assez souvent stimulant et subtil signe un opus autant privé de vitalité, de lucidité, autant lesté de lourdeur, de non-valeur, laisse songeur. La Fleur du mal fait en effet mal, à l’œil, à l’oreille, s’apparente à une conférence filmée de psychanalyse appliquée. Dépourvus de personnalité(s), transparents, pontifiants, les personnages de sitcom à la gomme ne servent en définitive qu’à refourguer le fonds de commerce rassis de l’observation/détestation de la (bordelaise) bourgeoisie. Chaque scène, secret, coup de théâtre asséné, visent à verrouiller le vide d’une colossale clarté volontairement privée de la moindre obscurité, par conséquent de toute humanité, valse de pantins mesquins menée par un artiste à sec, idem coupable d’un item très inepte…           

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Les Compagnons de la nouba : Ma femme s’appelle Maurice

La Fille du Sud : Éclat(s) de Jacqueline Pagnol

L’Enfer d’Henri-Georges Clouzot : Le Trou noir