La Marche nuptiale

 

Un métrage, une image : Docteur Jekyll et M. Hyde (1931)

Longtemps avant Bob Clark (Black Christmas, 1974) ou John Carpenter (La Nuit des masques, 1978), Rouben Mamoulian commence cette remarquable et remarquée (rare Oscar concédé à un film horrifique, la brillante performance de Fredric March l’explique) relecture de Stevenson (scénario de Percy Heath & Samuel Hoffenstein, auteur du Magicien d’Oz, de Laura, d’un diptyque pour le délocalisé Duvivier) via un virtuose et troublant travelling avant, en POV bien épaulé par Karl Struss (Le Dictateur, Les Feux de la rampe, La Mouche noire) à la direction de la photographie & William Shea (plusieurs Lubitsch) au montage, tandis que Wally Westmore (Les Dix Commandements + six titres pour Hitchcock, dont Sueurs froides) s’occupera de maquiller l’acteur en homme des cavernes victorien, de Miriam Hopkins amant puis assassin, excitante et innocente putain (merci à l’époque bénie du Pré-Code Hays), sacrifiée sur l’autel puritain d’une schizophrénie constitutive de l’être humain. Si Victor Fleming (en 1941, avec Spencer Tracy, Ingrid Bergman, Lana Turner) ou Stephen Frears (l’émouvant Mary Reilly, 1996, avec John Malkovich, Julia Roberts, Glenn Close) ne démériteront pas, loin de là, si l’on rêve de voir un jour les versions de Jean Renoir ou Terence Fisher, si l’on conserve un souvenir sympathique de celle signée Gérard Kikoïne (Edge of Sanity, 1989) avec Tony Perkins & Glynis Barber, la mouture matricielle des années 30, première adaptation parlante, après les essais muets de John Barrymore ou Stan Laurel, illico Abbott et Costello, flanqués d’un certain Karloff, diffusée jadis au Cinéma de minuit, demeure un modèle d’élégance, d’inquiétude et de lucidité (sociale, psychologique, érotique). Au côté de La Reine Christine (1933), chef-d’œuvre idem identitaire, doté de l’admirable et indémodable Greta Garbo, voici certes l’un des sommets (Becky Sharp, 1935 et Arènes sanglantes, 1941, convainquent bien moins) d’un CV à vivement redécouvrir, voui.

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Les Compagnons de la nouba : Ma femme s’appelle Maurice

La Fille du Sud : Éclat(s) de Jacqueline Pagnol

L’Enfer d’Henri-Georges Clouzot : Le Trou noir