La Route des Indes

 

Un métrage, une image : Vingt mille lieues sous les mers (1916)

Douglas, Lorre, Mason indeed dorment tranquilles, du grand sommeil éternel de leur classique instantané, insubmersible (Vingt mille lieues sous les mers, Fleischer, 1954), la curiosité, coachée par l’incontournable Carl Laemmle, signée d’un scénariste/réalisateur démuni de renommée, dépourvu de peur, ensuite restaurée par UCLA, s’apprécie cependant en opus pionnier, plaisant, toujours généreux, jamais vieux jeu. Flanqué des frérots Williamson, manieur d’images sous-marines, concepteurs de pieuvre en plastique, chic, escorté du directeur photo Gaudio, du maestro Orlando Perez Rosso, Paton fusionne le roman homonyme et celui de la mystérieuse île, bien après adapté selon l’item anecdotique mais sympathique d’Enfield (1961), merci aux monstres-merveilles de Harryhausen, à la musique magistrale de Herrmann. Commencé sur un miroir, terminé en humide mouroir, ce Vingt mille lieues sous les mers, surcentenaire, revisite Verne, voire Melville, relit Loti, précède le tandem Cousteau & Malle, des Indes, donc (Le Monde du silence, 1956), adoube un diable à la Méliès, lui-même illustrateur précurseur, rêveur, autarcique de Jules aquatique (1907), possède une sauvageonne en robe léopard, puis pantalon d’occasion, fi de Truffaut, de son naturel moutard, dévie du film d’aventures dédoublé, alterné, vers le contemporain à plein, parfois intolérable, David Griffith, sa démesure de mélodrame sexuel et moral. La transposition de Paton respire, inspire, elle pasteurise aussi, élimine la misanthropie endeuillée, désabusée, du cosmopolite capitaine, lui alloue un altruisme itératif, interracial, mot minable usité aux USA, oui-da, sauvetage de cuistot/pêcheur dit de couleur + perle à l’appui, pardi. Longtemps avant la Geneviève Bujold de Obsession (De Palma, 1976), la jolie et gracieuse Jane Gail incarne une maman, une femme enfant. Némésis de l’abusive malice, commerciale, en sus coloniale, Nemo torpille in extremis le meilleur ennemi repenti, la vengeance en plat en effet refroidi. La reconnaissance de sa descendance provoque hélas une crise cardiaque, alors funérailles de corail, bénédiction à contre-jour, mon amour, au sujet du Nautilus, on n’en sait pas plus. En 2021, la production coûteuse, étalée sur deux années, en partie aux Bahamas tournée, conserve une fraîcheur immaculée, une énergie non tarie. En 35 mm ou en 4K, l’océan, les grands enfants, les naufrages d’antan, ça le fait autant, permet de partir d’ici et de soi un instant, une heure et demie durant. Ludique et mélancolique, précis, impersonnel, Vingt mille lieues sous les mers à la mer (à la mère) douce-amère me ramène, surtout marseillaise, pas de malaise, homme d’exil indocile.    

Commentaires

  1. Vingt Mille Lieues sous les mers ou dans les airs, à chacun sa route des Indes!
    Feu! Chatterton - Boeing
    https://www.youtube.com/watch?v=BW-pFoYgaUs

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  2. love underwater-films
    saw nearly all Cousteau series
    cheers mate

    https://www.youtube.com/watch?v=_OGECa4jFME

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