Prenez la queue comme tout le monde


Pourquoi la pornographie sauvera le cinéma – ou pas.


Parce que la chair, ma chère. Parce que la mélancolie, mon amie. Parce que même la scène crue la plus crue s’avère moins obscène que le moindre mot de Monsieur Emmanuel Macron. Parce que si l’on sait simuler un orgasme filmé, misère du manque de générosité, professionnalisation des pâmoisons, la violence du pouvoir sévit pour de vrai, jusques au creux des corps, sur les terres de l’imaginaire. Parce que ces copulations certes souvent à la con, accusées de diffuser une mauvaise éducation auprès de propriétaires prépubères de cellulaires, de progéniture à luxure de parents dits démissionnaires, valent au final toujours mieux que mille massacres médiatiques, que d’insoupçonnables viols conjugaux mutiques (la souffrance dialogue avec l’indicible, contrairement à la victimisation de saison). Parce que la pornographie, que cela plaise ou pas, constitue l’un des marqueurs de la démocratie. Parce que des femmes en font, pourraient en faire, ou défaire, davantage, de façon différente. Parce que le fantasme, amoral, surmonte dans son innocence impitoyable la moralité d’épicier du capitalisme appliqué, des ébats formatés, rémunérés, commercialisés. Parce que le X, anti-cinéma, procède cependant de celui-ci. Parce que l’abstraction à force de figuration, leçon antonionienne-londonienne. Parce que l’exposition au lieu de la narration, la praxis en place de la mimesis, l’immanence de l’événement substituée à la surpuissance du déroulement. Parce que des hommes pas tellement minables, pas tous autant détestables que les sinistres Max Hardcore & Pierre Woodman. Parce que des femmes a fortiori fréquentables, intelligentes, intéressantes, peut-être attachantes, voire émouvantes. Parce qu’autrui peut goûter ce qui te dégoûte.

Parce que la mixité de l’interracialité, tant pis pour le mot maladroit. Parce que la peau, pas le papier, parce que les rides, la fatigue, la tristesse, parallèles du jeunisme, de l’hygiénisme, du sourire au cyanure. Parce que ce moment, même immortalisé, n’appartient qu’à eux deux, trivial et mystérieux. Parce que les sentiments s’immiscent. Parce que la tendresse séduit. Parce que des questions essentielles et des réponses plurielles. Parce que la beauté parvient parfois à s’incarner au plus près de la chorégraphie collée, à se lire sur le visage transcendé par l’extase. Parce qu’il ne s’agit pas de plonger dans l’apologie mais de savoir observer, sinon saluer, avec la même sensibilité, acuité, lucidité, que le reste, le mainstream, le distribué dans les salles, le commenté dans la presse. Parce que tu viens de là. Parce que tu y retourneras. Parce que l’origine du monde ne possède en soi rien d’immonde. Parce que le regard oriente les amants qui ressentent sans voir autant. Parce que deux guerres mondiales, des génocides en série, des luttes et des lois, des rencontres et des droits. Parce que ceci pourrait fonctionner, avec de la sincérité, de la liberté, de la légèreté. Parce que du réalisme, pas de l’angélisme. Parce que tout reste à faire, à refaire. Parce que tu trouveras sur ce site deux ou trois pistes, de réflexion, de célébration. Parce qu’il semble temps de réaliser des films enfin adultes, par-delà les diktats de la turlute. Parce que le crime porte d’autres habits que ceux-ci, forte et fragile nudité bien plus digne de respect que les censures-impostures de costumes supposés respectables. Parce qu’une imagerie humaine, même au bord de l’inhumain (la zoophilie, nauséeuse actualisation de bestialité mythologique). Parce que non, affranchi par ton oui.

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