Le Hasard et la Nécessité
Dès la naissance, l’absence de liberté ? Le jeu sérieux, de l’unique
humanité…
« Ce petit livre » de
naguère et du père de l’éditrice Odile s’ouvre sur une citation de Lewis
Carroll au sujet de l’impossibilité, de sa croyance royale, sinon miroitée,
s’achève sur une autre de Tristan Bernard, en compagnie d’épouse proie de
Gestapo, rappel du passé résisté, décoré de l’auteur illico. Rostand et sa grenouille, avant Pasteur et sa poule, Woody
Allen et le sang de ses veines, Confucius et le non apprentissage de l’arbre du
primate, introduisent aussi les trois parties très équilibrées, sur des
conférences et des articles basées. En cent trente-et-une pages d’une écriture
claire et sincère, Jacob discute de beaucoup de choses, muni d’une modestie
socratique, qui s’autorise à l’optimisme. S’il vivait encore, désormais victime
du visible, cependant inexistant, « mécanisme de la mort », sans
doute déciderait-il de le mettre à jour, puisqu’il suffit de la durée d’une vie, pour constater les différences en accéléré d’un monde ne cessant de changer. En
1981, un second François, Mitterrand celui-là, s’occupa de transformer une
France depuis déjà longtemps effacée. Le spécialiste de biologie moderne,
c’est-à-dire de génétique cellulaire, connaît ses classiques, sait ressusciter
l’héritage de la mythologie antique, de la même manière qu’il éclaire la question
toujours de saison de l’hérédité génétique. En quarante-et-un ans, certes le
sida passa par là, la « diversité du vivant » paraît à présent
remplacée par l’homonyme marché, à effrayer Onfray, lors on ne parlait pas de
GPA, d’homoparentalité, de transhumanisme ni de pseudo-pandémie en provenance
d’Asie. Une affirmation comme : « Si nous avions tous la même sensibilité
à un virus, l’humanité tout entière pourrait être anéantie par une seule
épidémie » prend un sens particulier, face aux insanités assénées par le méprisable
et méprisant Olivier Véran, tandis que celle-ci : « L’identité relève
de la biologie et de l’éducation ; l’égalité de la morale et de la
politique » gênera les agité(e)s du genre, je n’en gémis. Pourtant les interrogations
posées, les réponses apportées, les parcours retracés, conservent leur
actualité, l’ensemble s’avère ainsi séduisant car stimulant. La tératologie,
l’idéologie, l’épistémologie ; le mythique et le scientifique ; la
perception, la représentation, l’explication, l’imagination, la création, la reproduction ;
le marxisme, le freudisme, le scientisme, bien sûr le darwinisme, donc
l’évolution, la sélection, la compétition, l’adaptation, la mutation, cadre de
qualité, cadre limité ; l’anatomie révolutionnaire de la Renaissance, de
l’admirable Vésale vers la vie tourné, malgré ou grâce à la grâce de ses
squelettes et ses écorchés ; l’ingénieur et le bricoleur, salut à
Lévi-Strauss ; l’ADN et l’ARN ; le moléculaire et le linéaire ; l’étonnant
vivant, aux secrets non dévoilés ; la flèche du temps, des possibles le
champ, le « retardement du développement » ; les systèmes
immunitaire et nerveux ; le programme et « le réel » ; le
langage et les images ; le cerveau et la culture ; le disque
phonographique et la bande magnétique, je traduis, l’inné, l’acquis, le QI, la
monotonie, l’uniformité, l’ennui, le modèle guère modèle de la
civilisation industrielle ; l’avenir, le rêve, l’espoir, la raison nécessaire
pas suffisante, folle suffisance des Lumières et du siècle ensuite, l’imprévu
et l’inquiétant de la science, de l’instant suivant – notre Nobel maîtrise
ces sujets, ne cède aux préjugés de l’espèce prédéterminée plutôt que prédestinée.
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