Le Projet Blair Witch

 

Un métrage, une image : Les Rues de l’enfer (1984)

Comme si Class 1984 (Mark L. Lester, 1982) croisait Le Retour de l’inspecteur Harry (Clint Eastwood, 1983) + un soupçon de Osterman week-end (Sam Peckinpah, 1983) avec, à cause de l’arbalète… La sœurette sourde et muette d’une lycéenne peu sereine se fait déflorer, défigurer, dans les toilettes par plusieurs mecs. Cette revanche violente, évidemment inadaptée – les filles farouches transformèrent leur bagnole en poubelle, bien fait – ne saurait cependant suffire aux gars du gang : le chef des bien-nommés Scars, qu’elle osa balafrer, attaquée, au café, se débarrasse fissa de l’amie Francine, future mariée, déjà disons inséminée, il la course sur la route, il la soulève aussi sec puis du haut du pont la jette. Ensuite, il écrase le contrit Vinnie, agresseur de peur rempli et néanmoins témoin malgré lui, explique-t-il en pleurs à la survivante pas vaillante, danseuse vandalisée, comateuse hospitalisée, par sa maman travailleuse visitée. Prise entre un proviseur dont elle se dit désirée, le vétéran John Vernon s’y colle, sermonne, somnole, une prof de lettres à lunettes et à la poésie obsolète, au réconfort d’inconfort, Brenda ne se remet pas, ne s’en remet qu’à soi, s’arme et se costume, s’en va vite exercer sa vengeance dorénavant « genrée », nocturne. Si les mecs minables et misérables dissimulent en sourdine une homosexualité à demi-matérialisée, sinon une misogynie en série, ils s’embrassent et se marrent, ils ne supportent de se perdre, notre héroïne non magnanime les extermine sans tarder, sans ciller, mention spéciale au piège à ours d’abord au début aperçu en vitrine, virée en ville des âgées, maquillées gamines, pourtant loin de la déprime. L’exécutrice à entrepôt de tissu, l’incendiaire vénère, la coupable accusée, avec clémence condamnée, termine au cimetière solaire sa triste odyssée, sa sœur ressuscitée à son côté. La chère Linda Blair, encore sous-estimée, domine les mâles infâmes, affiche sa fragilité, affirme sa force, ranime ce paresseux rape and revenge, dirigé par le dispensable Danny Steinmann. Pendant un plan troublant, en zoom avant, de baignoire isoloir, poitrine apparente, actrice absente et présente, elle paraît presque penser à ses problèmes personnels plutôt qu’à ceux, autant infernaux que les transparents affreux, du priapique Pazuzu (L’Exorciste, William Friedkin, 1973). 

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