Sanctuaire
Un métrage, une image : La Dernière Maison sur
la plage (1978)
Matrice apocryphe de L’Ange
de la vengeance (Ferrara, 1981), lien malsain entre La
Dernière
Maison sur la gauche (Craven, 1972) et La Maison au fond du parc
(Deodato, 1980), l’opus de Prosperi,
ancien assistant et scénariste de Bava (Hercule contre les vampires,
1961, La Fille qui en savait trop, 1963), se soucie aussi du Sanctuaire
de Faulkner et de féminisme radiophonique. Aucun Requiem pour une nonne
ici, même si ça sévit sec et ad hoc ça
cartonne. Insuccès en salle, situé au sein du cadre hédoniste et estival d’un éden
infernal, exit le sombre « gothique
sudiste » des Proies (Siegel, 1971), La settima donna, titre numérique
explicite, presque biblique, ne pouvait pas être produit ailleurs qu’en Italie,
parmi ce territoire alors terroriste, terrorisé, molto catho. Belle gueule
d’ange déchu, Aldo braque une banque, en partant descend une passante, avec ses
acolytes se casse en DS, investit une villa
d’institution religieuse. Une répétition de saison de Shakespeare cède la place
à la répétition du pire, au cauchemar matérialisé, aux mensonges des jours et
des nuits d’été glacé. La femme de ménage se fait défigurer au fer à repasser, le
facteur inconscient se fait exécuter, trois viols surviennent vite, dont une
sodomie en trio au ralenti, le dernier poursuivi en rancunier trépas, sur une
vierge évadée, fatiguée, déflorée, via
un gros morceau de bois, trois ans avant la profanation forestière véloce et en
POV de Evil Dead (Raimi, 1981). Victime vêtue
d’immaculé, quand même démunie d’hymen,
à main médicamentée puis armée, sœur Cristina décide de ne plus laisser faire, arrive
à se défaire du blond Lucifer, des deux bourrins obsédés, illico infecté, à la Luchino maquillé, tandis que le reste des
lycéennes martyrisent en jardinières very
vénères l’envahisseur éventré à la chevrotine. Obligée d’assister, de
participer, au chapelet d’atrocités, l’épouse du Christ quitte son crucifix,
retire son alliance spirituelle, divorce d’épuisement, d’écœurement, en rime au
geste ultime du flic « charognard » à triste victoire (L’Inspecteur
Harry, Siegel, 1971). Jamais misogyne, à peine topless, Prosperi n’exploite personne, compose ses plans,
immortalise l’affrontement et l’effondrement de Ray Lovelock & Florinda
Bolkan. En intro et en coda du huis clos tout sauf phallo s’élève la voix
d’Edda Dell’Orso, vole un virginal oiseau, telles des réponses lyrique et
zoologique au rape and revenge transalpin, au mouroir en miroir,
au désir et au désespoir d’affreux « frères humains », de filles
sacrifiées, à la jeunesse saccagée.
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