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Un métrage, une image : Flic ou Zombie (1988)

Comédie macabre prodiguée par le réalisateur de Punisher (1989), autre histoire de justice dite expéditive, pour ainsi dire ressuscitée, endeuillée, d’un policier mort-vivant à main armée au suivant, Dead Heat, d’accord, cite et revisite Mort à l’arrivée (Maté, 1950), réchauffe une réanimation de saison (Re-Animator, Gordon, 1985), redispose du buddy (voire body) movie, cf. le modèle de L’Arme fatale (Donner, 1987), que d’ailleurs écrivit Shane Black, ici en caméo de patrolman. Mais le script de son frère Terry se signale aussi par sa sous-jacente mélancolie, je songe à deux scènes de terreur existentielle, celle du miroir mouroir en rime à son homologue de La Mouche (Cronenberg, 1986), celle de la putréfaction express d’une préposée aux rapports et relations publiques, sise au sein d’une salle de bains, tel jadis Shining (Kubrick, 1980). Au laboratoire bien et mal nommé Dante, à refroidir les dénonciateurs du désormais « Big Pharma » cynique plutôt que fada, on commercialise donc le décès, on captive et capture des capitalistes âgés, désireux de s’acheter une chimique immortalité. Pourtant l’éternité possède un prix, celui de leur vie, héritage détourné, bijouterie braquée, complot du dirlo de la morgue qui chôme, épaulé à l’insu de son plein gré par un Vincent Price impeccable et immaculé. Les presque rivales Randi & Rebecca envoyées ad patres, il reste au duo de cops pas trop homo, quoique, tandem d’outre-tombe, à transformer le médecin malsain, amateur de tocante coûteuse, suicidé instantané, en voyou revitalisé, en puzzle explosé, tandis que l’ultime réplique des macchabées héroïques, en train de disparaître dans une brume blanchâtre, adresse un clin d’œil inversé à la célèbre coda de Casablanca (Curtiz, 1942). Début ou terme d’une belle amitié, une fois les femmes fréquentables enfuies, demeurent des hommes meurtris, capables de salace plaisanterie, puisque souhait de se réincarner en selle de bicyclette pour minette, chouette. Doté d’un casting choral correct, d’effets spéciaux point falots, maquillages d’un autre âge, encore ancrés au creux d’une imagerie analogique, anatomique, d’une séquence de restaurant asiatique au bestiaire anthologique, n’en déplaise aux autoproclamés défenseurs de la représentation au ciné ou à la TV des supposées minorités, Flic ou Zombie constitue en résumé un divertissement intéressant, à base de survie, de vitesse, de tristesse.

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