La Maison ensorcelée : Les Héritiers
Burn the witch – chiche ?
Après un prologue over the top, quasi risible et presque sublime, de cérémonie pas si secrète,
certes obsolète, au sadisme sataniste, à la signature impure, une party very juvénile, so sixties,
surprend et détend l’antiquaire en quête de son frère épistolaire, évaporé sans
trace laisser, sinon manuscrite, magnifique. Par conséquent, le passé répond au
présent, la sorcellerie se poursuit aujourd’hui, la malédiction of course
féminine souhaite exterminer l’ultime rejeton d’une lignée jadis éprise du
bûcher. Camé au cognac, harassé de rêves patraques, hypnotisé, ensommeillé, somnambule
incrédule, Robert ne se laisse faire, finit par défaire son meilleur ennemi,
trop prévenant, trop prévoyant, par assister à un nocturne incendie, en
compagnie de pompiers appelés, surtout d’un expert lucide et invalide, de la
radieuse et valeureuse Eve, nièce nudiste, fissa séduite, donc à une coda en
acmé, où l’aristocrate Morley joue à l’acrobate dédoublé. Si les scénaristes
revisitent à la va-vite Les Rêves dans la maison de la
sorcière du nouvelliste Lovecraft, en conservent l’accusée ressuscitée,
les cauchemars matérialisés, le registre des damnés à parapher, fi
d’infanticide, de rat humanoïde, de géométrie à la limite de la folie, de
démolition d’absolution, d’ouvriers écœurés, à l’église voisine allons vite
allumer des bougies pour dire merci. Avec davantage d’audace, le divertissement
d’antan pouvait prétendre à être pirandellien, un brin brechtien, cf. le poignard
spécialisé, à lame simulée ; la victime évidente, courante, criante, double sens,
cependant consentante, embrassante, du relooké hide and seek à domicile ; la lampe colorée, en écho à la
fameuse Dreamachine du sieur Sommerville, adoubée par Burroughs Bill ;
le pseudonyme du disparu ; la toile d’araignée fausse et faussée de la
pièce secrète, au creux de laquelle se livrer en société aux jeux sérieux et délurés
précités.
Le spectateur sceptique se mettrait-il soudain, en définitive, à douter de la réalité des événements filmés, ou fantasmés, des récits en série, un fondu enchaîné in fine atteste de l’existence cynique, bien sûr diabolique, de cette peste de Lavinia, vénérable increvable de cave écarlate et verdâtre, tant pis pour l’autel cramoisi et maudit du titre en effet original, dotée des traits bleutés de la stoïque et d’acier Barbara Steele. Demeure néanmoins un estimable métrage digne d’un modeste hommage, qui doit beaucoup au beau boulot du directeur photo John, ici rajeuni en Johnny, Coquillon, sous peu sur le set tout aussi sadique et satanique du très supérieur Le Grand Inquisiteur (Michael Reeves, 1968), avant de devenir le DP régulier, remarquable et remarqué, d’un certain Sam Peckinpah, oui-da, citons sa sombre, éclairée contribution, à l’occasion des Chiens de paille (1971), Pat Garrett et Billy le Kid (1973), Croix de fer (1977) et Osterman Week-end (1983), sans omettre le recommandable L’Enfant du diable (1980) dû au dispensable Peter Medak. Production Tigon, dirigée par l’appliqué, impersonnel, Vernon Sewell, itou auteur du Vampire a soif (1968), (re)lisez-moi, pourquoi pas, La Maison ensorcelée (1968) vaut la visite, choc et chic, un peu toc, pas si statique. Les rares, toutefois tout sauf rasoir, Rosemarie Reede & Virginia Wetherell, l’élégant Lee, reprenant son rôle dans La Cité des morts (John Moxey, 1960), le mélancolique Karloff, aussitôt sorti du tournage de La Cible (Peter Bogdanovich, 1968), le solide Mark Eden, décédé en janvier dernier, le fada et sympa Michael Gough, incontournable acteur de la majoritaire Hammer, ranimé en batmanesque majordome par Tim Burton et ensuite Joel Schumacher, font toutes et tous le reste, font passer une assez belle soirée au cinéphile anglophone et anglophile, ceci, cette fois-ci, lui suffit.
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