La Garce

 

Un métrage, une image : Si douce, si perverse (1975)

Que les fanatiques de saphisme ne se précipitent : Peccati di gioventù, titre explicite, miroir jamais moralisateur, dans lequel se reflètent une certaine sexualité, un suicide dédoublé, s’avère en vérité, en définitive, un aimable et estimable mélodrame féminin, point lesbien, puisque la scène d’étreinte, presque incestueuse, au bord de l’eau, se limite à des figées photos, à de l’espionnage express, à la preuve d’un complot, à l’illustration d’une machination, moment par conséquent à l’opposé du « spécialisé » The Sea Mousse (Lupin, 2013), (re)lisez-moi ou pas. Angela, la Gloria Guida de À nous les lycéennes (Tarantini, 1975) + Les Lycéennes redoublent (Laurenti, 1978), ne supporte Irene sa future belle-mère, la Dagmar Lassander de La Maison près du cimetière (Fulci, 1981). Après avoir exhumé un scandale passé, prof amoureuse trépassée, la fifille pas si angélique à son papounet affairé, à Rome ou Milan en déplacement, séduit sa proie facile, fragile, incendie les inutiles images de chantage, expédie sans façon sa confession, pas ta psy, ma chérie, se fait enfermer, repense à des paroles pas drôles, s’aperçoit dare-dare des conséquences alcoolisées, argentées, du traquenard, car gigolo lui-même au bout du rouleau, mis dehors et menacé par celle, plus âgée, qui l’entretenait, sa piaule lui prêtait. En Irene Angela à fond et in fine se reconnaît, revient vers son humanité, veut sa voiture rattraper, pourtant elle arrive trop tard, hurlements et larmes de désespoir, coda de course découpée, décuplée, en raccords axés, de pluie et de pleurs appariés, peut-être rédempteurs, une pensée pour Blade Runner (Scott, 1982). En Sardaigne, les cœurs saignent, les sentiments autant, Irene arbore une longue robe fendue immaculée, reine de la juvénile soirée, Angela dirige sa nudité insolente et insuffisante. Ces deux femmes fréquentables, semblables, dissemblables, pouvaient devenir amies, dépasser les apparences, partager une souffrance, cependant, au maudit paradis, rien ne finit bien. Co-écrit par Roberto Natale, de Bava collaborateur sur Opération peur (1966), co-signé, réalisé, puis monté par l’appliqué Silvio Amadio, Si douce, si perverse permet ainsi au tandem d’actrices excellentes d’exercer leur talent si fraternel, si différent…

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Les Compagnons de la nouba : Ma femme s’appelle Maurice

La Fille du Sud : Éclat(s) de Jacqueline Pagnol

L’Enfer d’Henri-Georges Clouzot : Le Trou noir