La Doctoresse

 

Un métrage, une image : Satanik (1968)

Après un incipit esthétique, travelling panoramique et latéral arrière à la grue, ouverture de solitude nocturne, humide, bleutée, en taxi, presque à la Suspiria (Argento, 1977), cette vraie-fausse resucée du Danger : Diabolik ! (Bava, 1968) contemporain, cool cagoule et flouze itou, vire vite vers une relecture de L’Étrange Cas du docteur Jekyll et de M. Hyde, d’ailleurs déjà adoubé par la BD homonyme adaptée. Plutôt plaisant à défaut d’affolant, le film de Piero Vivarelli affiche deux lignes de force, du physique, du fric. Miss Bannister, âgée, défigurée, dégomme illico son collègue de labo, professeur moralisateur, scientifique sans malice, à sermon concon, au sujet des vices de l’hubris. L’élixir de jouvence par ses soins concoctés aussitôt avalé, la voici en effet rajeunie, embellie, sans merci aussi, en écho au canidé cobaye, rendu plus vif et plus agressif. Hélas la jeunesse, surtout de sérum, ne saurait être éternelle, lui laisse à peine le temps de profiter d’un duo d’amants, de beaucoup d’argent, à Genève notamment, capitale du capital, davantage que Madrid, dommage pour le flamenco. Notre anti-héroïne cynique et non satanique, puisque la fable affable se déroule au sein d’une société laïcisée, délestée de la moindre transcendance, faisant joujou avec un trafic de bijoux, échappe à la police hispanique puis britannique, même au frère du mort, taulier de casino épris presto de sa beauté, sa juvénilité, provisoires, à base de désespoir. Car le personnage de Magda Konopka, elle-même ex-modèle, qui dut apprécier la dimension disons autobiographique de l’apologue un peu pop et très désenchanté, carbure encore à la mélancolie, se crame en coda, via une voiture volée, en train d’être réparée, de freins privée. Le double mouvement de l’item quasi cosmopolite, co-production italienne, espagnole, à l’interprète principale polonaise, fusionne pendant une séance de strip-tease à domicile, assez pudique et molto symbolique, où Marnie Bannister, appréciez au passage le prénom emprunté à la cleptomane mémorable de Pas de printemps pour Marnie (Hitchcock, 1964), se désape avec style, tandis que le trafiquant, à chaque objet ôté, lui lance des poignées de billets, bonne leçon d’anatomie et d’économie, d’aujourd’hui…

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