Les Bijoutiers du clair de lune

 

Un métrage, une image : Un printemps à Paris (2006)

Merci à Jacqueline

Dans ce (télé)film presque insipide, deux femmes, à deux reprises, se voient aveuglées, entravées, la seconde en sus enlevée. La justice porte paraît-il un bandeau, on ne le sait que trop, depuis le fiasco d’Outreau, néanmoins rien ici de malsain, amateurs ou amatrices de BDSM soumission, de masculine « domination », passez vite votre chemin. Autrefois auteur de l’atmosphérique Polar (1984), adapté d’après le spécialiste Manchette, avec déjà Balmer & Santini, Bral le discret, en janvier dernier décédé, artiste peu prolifique, scénariste et producteur indépendant, peintre + plasticien aussi au demeurant, récidive via ce vrai-faux dédoublé vaudeville, où l’on s’interroge, de manière morose, sur la valeur des coups, à concevoir, à recevoir, sur celle des êtres et des choses. Il pouvait décider de délivrer un opus œdipien, Mitchell & Stévenin en paternel et fiston par procuration, il s’en fiche et se focalise, toutefois en filigrane, sur la lucidité de ces dames, accueillantes et survivantes. Tandis que les types, plutôt pathétiques, se liquident par balle, Jugnot gicle illico, puis au carreau de carrelage de salle de bains, parce que le voleur point assassin le valait bien, tiens, son agresseur d’ailleurs fissa fourré, in fine, au creux du coffre de sa Mercedes immergée, Pascale Arbillot, Géraldine Danon, Florence Darel et Anne Roussel font plus ou moins de la figuration. Quasi sosie du Keanu Reeves de Matrix (Lana & Lilly Wachowski, 1999), Sagamore donne mais sème la mort, in situ au commissariat, in extremis au cimetière, nique mutique la police peu perspicace. Louise, veuve à pleur, sait-elle qu’il s’agit de son gentleman cambrioleur ? Bien sûr, lui-même le devine idem, passe au volant, en souriant, alors que Georges, en voix off, lui rappelle sa veine, l’invite à profiter du printemps, en grand enfant calme et violent, flanqué d’une héritière solaire, « ni ta sœur, ni ta mère », à laquelle offrir fleurs et collier, une sentimentale sexualité, en pardon(s) de sa part et en nouveau départ…

Commentaires

  1. Pour un même film, autant d'avis différent surtout si ce film n'est pas reconnu comme parfaite réussite, ce qui m'a donc interpellée ici c'est le jeu de masques,
    deux vrais requins qui se flairent et se reconnaissent par codes interposés, gestuelles, objets.., ils en arrivent à tout liquider sur leur passage pour leur profit personnel, Stévenin l'acteur semble le maître de son rôle, y compris de Samouraï de second ordre, jusqu'au moment où à la fin l'on s'aperçoit qu'il sert de chauffeur à la patronne...(Surtout que celle-ci auparavant a évoqué le métier de son amant et qu'elle aimerait bien l'employer). C'est comme une machination qui fait que chacun se retrouve pris à son propre piège, meurt de ce qu'il affectionne le plus, de l'image qu'il veut donner de lui-même, c'est selon, le tout dans des décors particulièrement soignés, également très symboliques de toute une époque, rien d'insipide selon mon opinion, l'époque est à l'artefact et le pastiche de tout en toute occasion, le faux plus vrai que le vrai, l'ennui porte au fétichisme ces êtres désincarnés, perdus, déprimés. Pierre Santini est bluffant quand à son jeu d'acteur du côté perdition de son personnage, quelle mise à nu !
    Un Printemps à Paris, il y a fort à parier que la femme étant l'image personnifiée du tueur à gage pris dans l'engrenage...Coller à l'image du gentleman à fleurs et bijoux il finira par se retrouver d'une certaine manière lui aussi la corde au cou...

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