Scènes de la vie conjugale
Un métrage, une image : Elle court, elle court,
la banlieue (1973)
Il faut beaucoup aimer l’aimable
Marthe Keller afin de s’infliger ce film infime... Avant de servir la soupe
d’entourloupe, plutôt la bouillabaisse bien épaisse, au sinistre Besson, avec Taxi
(1998), pardi, Gérard Pirès bossa quatre fois en compagnie de Nicole de Buron.
Après Erotissimo (1968), avec une Annie Girardot au boulot sur sa libido, précédant de deux ans le joyeux Attention
les yeux ! (1975), avec un Claude Brasseur de
Stendhal lecteur métamorphosé en pornographe amateur, Elle court, elle court, la
banlieue (1973) transpose un opus
de la spécialiste en urbanisme Brigitte Gros et s’inscrit ainsi au creux d’un
sillage disons sociologique. À la suite de la sexualité médiatisée, à côté du sexe
filmé, Pirès prie le spectateur de s’intéresser à l’insanité quotidienne, guère
sereine, d’un couple de banlieusards à la fois en avance, sur sa déchéance, et
en retard, à la gare, au plumard, le soir, pas d’espoir. Comme le méta et
précité pseudo-document assez amusant, il s’agit d’un ouvrage choral, certes
pas à la Robert Altman, grâce auquel esquisser le portait réel et superficiel
d’une France déjà « fatiguée », par les « jeunes » et
les « étrangers » a fortiori
affolée, à une époque où personne ne parlait encore de « cités » ni
de « vivre-ensemble » mais où l’on s’exprimait, en femme politique
puis en scénariste escortée de son cinéaste – le générique explicite précise
« un film de Nicole de Buron », formule propice à horrifier les
amateurs de la « politique des auteurs » –, au sujet du stress des transports en commun et de
l’incommodité par définition démultipliée des « grands ensembles ».
Puisque l’on ne prête qu’aux riches, surtout celle issue de Suisse, Marlène
termine son trajet triste et léger de manière réussie, même si des flics s’en
offusquent, conclusion de baston. En clair, cette comédie sentimentale
anecdotique et sympathique repose sur sa troupe, son rythme fluide.
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