La Veuve noire

 

Un métrage, une image : Ronde de nuit (1984)

Cinéaste cinéphile muni d’une caméra mobile, Jean-Claude Missiaen essaie d’animer sa suite d’images sans âme ni charme. Après un prologue plutôt plaisant, de SM distingué, où un soumis député agenouillé se fait fissa étrangler par une chaude chauve, conduit en plongées, contre-plongées, manière de matérialiser au cœur du cadre la domination de la maîtresse muette sur son valet ravi, vous (re)voici plongé parmi la mélasse de l’affairisme parisien, parce que le cinéaste pensait qu’il le valait bien. L’ex-attaché de presse transforme Françoise Arnoul en journaliste cool, radiophonique, in extremis pragmatique, comme si tout ce qui précédait, à savoir un salmigondis rassis, à base d’immobilier biaisé, de gangster à cigare, de politiciens à pots-de-vin, en définitive peu importait. Le spécialiste d’Anthony Mann & Howard Hawks, d’ailleurs auteur d’un beau-livre dédié à l’exquise Cyd Charisse, s’essaie ainsi au western urbain, l’agrémente d’une amazone pas conne, d’un doublé de policiers déplacés, dont le premier placarde les parois de sa piaule avec des portraits de John Wayne & Burt Lancaster, dont le second s’avère vite le petit-fils d’un type autrefois enfui en France puis ici parqué, pas de chance, puisque quidam hispanique of course antifranquiste, d’un vrai-faux facho frontiste peu triste. Ni film supposé engagé à la Yves Boisset, ni buddy movie à la sauce francophone, Ronde de nuit dure une interminable heure et demie, durant laquelle déployer sa vacuité, son innocuité. Au terme de l’enquête obsolète, Eddy Mitchell plus sa « banane à la Cochran » ne repeigne, à cause de la sculpturale et impitoyable Lisette (Malidor, j’adore) décède, pietà pour veilleur vénère et dévasté Gérard Lanvin dénommé. Mais même la musique énergique de Hubert Rostaing ne parvient à vitaliser ce destin fretin.

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