Dar l’Invincible : C’est donc ton frère
Red Sonja ? Rousse Tanya…
Au croisement de Conan & Tarzan,
Dar ne s’égare, protagoniste gai puis triste d’un titre qui séduit selon sa
modestie, possède plusieurs qualités, dont sa simplicité, sa sincérité. Après
le fantastique funéraire et funèbre de Phantasm (1979), autre histoire de
frères partenaires, longtemps avant le duo rigolo de maison de repos de Bubba
Ho-tep (2002), voici celui féerique de Dar l’Invincible (1982), où
Lee Holdridge & John Alcott de Coscarelli constituent l’excellente escorte.
Le compositeur de Splash (Howard, 1984) et le directeur de la photographie de Barry
Lyndon (Kubrick, 1975), Il était une fois la Légion
(Richards, 1977), Le Monstre du train + Under Fire (Spottiswoode, 1980 +
1983) ou Greystoke, la légende de Tarzan (Hudson, 1984) servent avec
virtuosité un récit jamais risible, une fable guère infantile, un conte d’accomplissement
d’antan, de foi et de soi. Comme dans Macbeth, des sorcières séduisantes
et monstrueuses prophétisent un destin un brin œdipien. Orphelin détrôné,
adopté, Dar communique avec les animaux, assiste à un massacre illico, prend à l’instant la route
d’Aruk. Celle-ci de Kiri croise la sienne, esclave à stigmates, douce déesse topless gentiment matée à proximité d’une
cascade amicale. Plus tard, il rencontre le petit Tal et le grand Seth, tandem en rime, direction la pyramide de
temple presque aztèque, au sommet duquel, culte cruel, le misérable Maax
sacrifie des enfants à l’appétit de son pseudo-dieu dévorant, au fourneau
flambant. Il faudra in fine un second
sacrifice, cette fois-ci de fidèle furet, afin d’incinérer l’usurpateur.
S’ensuit une bataille nocturne assez superbe, durant laquelle les ennemis en
série, cavaliers vénères, se font fissa découdre et dissoudre par des
hommes-oiseaux alliés, pas ailés, vénérateurs de volatiles et adversaires
indociles.
La juste et juvénile lignée de
royauté rétablie, replacée, Dar ne demeure, mec costaud doté d’un cœur, ses
larmes le prouvèrent, pour lui parlèrent. Il perd son père à deux reprises, il
reste seul, pourtant épaulé par sa panthère, garni de son aigle, il surplombe
depuis la cime d’un piton une vaste désolation, avenir aventureux, miroir
malheureux. Mais derrière lui Kiri se glisse complice, il se retourne, ils
s’embrassent, l’hélico les entoure en coda sans chromo et le film, on le
devine, se décline(ra) en deux suites a
priori dispensables, en épisodes ad hoc, peut-être en toc, diffusés à la
TV. Flanqué du fielleux Rip Torn, du fervent John Amos, Marc Singer ne
désespère, persévère, sur le point de dézinguer du lézard extra-terrestre et nazifié sur l’écran réduit précité, viva V.
Tout ceci divertit, cadré au carré, format classique un peu par certains
distributeurs dit-on imposé, comporte en plus une poignée d’empalements
éloquents, davantage que ceux du Dracula (1992) de Coppola, va. Quant
à la regrettée Tanya Roberts, je vous renvoie, SVP, vers mon récent portrait
très énamouré, elle éclaire et assombrit chaque plan et péripétie de sa beauté,
de sa mélancolie, de sa candeur lucide, de sa force fragile. Cousine quasi clandestine, compagne intrépide,
soutien à l’orée du rien, elle parvient à imprégner ce divertissement
distrayant, stimulant, soigné, rythmé, de l’émouvant mystère qui lui revient,
appartient, plus puissant, assurément, que la magie noire du chu charlatan, que
les rêves éveillés des enfants du ciné.
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