Cotton Club
Un métrage, une image : Le Casse de l’oncle Tom (1970)
Exécuté par l’expéditif Vincent Canby
– « Cotton Comes to Harlem is a conventional white movie that
employs some terrible white stereotypes of black life » –, Le
Casse de l’oncle Tom, dénomination davantage que traduction malicieuse
et astucieuse, ne constitue certes une sorte de Citizen Kane (Orson
Welles, 1941) délocalisé du côté de Harlem, mais non plus ne se réduit à un
non-film assimilable à de la sociologie, tant pis pour Canby. Acteur chez
Sidney Lumet (La Colline des hommes perdus, 1965), Sydney Pollack (Les
Chasseurs de scalps, 1968), Spike Lee (Do
the Right Thing, 1989) ou Don Coscarelli (Bubba Ho-tep, 2002), par
ailleurs célèbre et célébré défenseur des « droits civiques », Ossie
Davis décide à la cinquantaine de passer de l’autre côté de la caméra, de
transformer le roman homonyme de Chester Himes, paru cinq ans auparavant, en
métrage de cinéma. Tourné in situ,
réhabilitation bienvenue, l’opus
pionnier, à succès, de la supposée blaxploitation,
discutable expression, repose sur une arnaque à la crédulité, à la « terre
promise » relookée, évaporée, cara Africa, nous (re)voilà ; sur un
braquage avec dommage, puisque pickpocket
trépassé, voleur envolé, au propre, pas au figuré ; sur une paire de
policiers lucides et intrépides, capable de confondre un vrai-faux
ecclésiastique cynique, d’accomplir en acrobates diplomates un deal démocrate en compagnie du caïd à
domicile. À défaut d’un filmique brio, Davies disons (se) divertit via un casting choral impeccable, mention spéciale à la taquine et
callipyge Judy Pace. Sombre souvenir de récolte esclavagiste, le coton en
question abrite des billets, un strip-tease
révélateur décore désormais, les rapports de force entre les « races »
et les sexes se renversent, le « capitalisme noir » se promeut
lui-même, le piocheur de poubelle in fine
se fait la belle, expédie sa carte postale d’exotique et topless harem. Ni Elmer Gantry le charlatan
(Richard Brooks, 1960), ni Shaft (Gordon Parks, 1971), Cotton
Comes to Harlem noircit un Blanc, blanchit un Noir, choisit le sourire à
la place du désespoir.
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