Projet X

 

Un métrage, une image : Les Aventuriers de la 4e dimension (1985)

Comme dans Carrie (De Palma, 1976), un beau gosse moins blond que Tommy Ross redécouvre une « vieille fille », apprend à l’apprécier, à l’embrasser, se et lui demande comment ils purent ainsi passer quatre années, assis sur des sièges de lycée, sans se parler, à se croiser sans se rencontrer : et si, finalement, ce récit de temps « déraillé » se résumait à celui perdu, qui ne reviendra plus, oui-da, Barbara, à celui gagné, ensemble, à la sueur du front, au nom de l’émotion ? En apparence chaînon manquant entre Retour vers le futur (Zemeckis, 1985) et Jurassic Park (Spielberg, 1993), Les Aventuriers de la 4e dimension s’avère aussi une romance sincère et tendre, un sympathique opus sur le passage à l’âge adulte rempli de drolatique tumulte. Tandis que son professeur « gauchiste » nourrit sa nostalgie, Dennis Hopper déjà drogué au gaz, un an avant le ravisseur dément de Blue Velvet (Lynch, 1986), que son père infantile installe à domicile une belle-mère délurée, Mike le mécanicien se démène, déterre puis réenterre sa boîte de Pandore extra-terrestre, autrefois estimée peu du tonnerre par un certain Eisenhower. Auparavant, il tuait un gladiateur issu du passé, au creux du couloir illico rappliqué, ensuite un dinosaure encore à la Ray Harryhausen. Au dernier moment, sa voiture adorée, rapide, en panne d’essence, il décide de la laisser là, au milieu de la (dé)route, quasi un crime au royaume de l’automobile, de rejoindre la ville à proximité à pied, main dans la main sur le chemin de leur destin avec Ellie, petite amie de grand prix, condisciple lectrice en catimini de Cosmopolitan et toutefois fréquentable jeune femme. Lestée d’un symbolisme propice à exciter les cinéphiles freudiens, crevasse vaginale + vortex anal, la virée oubliée, à injuste insuccès, du sieur Betuel séduit en sourdine, agit en remède à la sanitaire déprime. À l’instar du spécialiste John Hughes, le cinéaste-scénariste pratique l’empathie, portraiture des adolescents dépourvus de lobotomie. Durant une scène explicite, de course contre la montre électrique, notre trio de héros prend de vitesse l’énergie en folie, en furie, fait fissa sauter un pylône à la gomme. En sus de ressusciter la fameuse Fée Électricité de Dufy, My Science Project, produit et distribué par des filiales de Disney, cite Christine (Carpenter, 1983), revisite Easy Rider (Hopper, 1969), ne manque de charme ni de cœur, accessoirement de coloré carburateur. Il se souvient en outre du Vietnam, de Woodstock, il avance vers l’avenir et s’émancipe du pire. Un chef-d’œuvre à chérir ? Un divertissement de son temps, amusant voire émouvant…

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