Le Bayou

 

Un métrage, une image : Vengeance froide (1996)

Treize ans avant le vrai-faux sequel très longuet de Bertrand Tavernier (Dans la brume électrique, 2009), voici une émouvante (més)aventure de Dave Robicheaux à nouveau, cette fois-ci filmée par Phil Joanou, déjà responsable du plutôt recommandable Sang chaud pour meurtre de sang-froid (1992), encore avec Eric Roberts et surtout la chère Kim Basinger, elle-même alors mariée à Alec B. Porté par un Baldwin impliqué, par ailleurs co-producteur (exécutif), dissimulé derrière un titre français fadasse, auquel préférer le poétique et polysémique Heaven’s Prisoners d’origine, Vengeance froide s’avère vite un divertissement adulte, muni de mélodramatique tumulte, dès son intense introduction, de claire et obscure confession, au sujet du désir et de l’abus d’alcoolisée boisson. Au hasard secouriste, (dis)grâce au ciel, majuscule optionnelle, fissa flanqué d’une fifille presque adoptive, clandestine irrésistible, couple improbable et poignant d’épilogue apaisé, cohérent, l’ex-flic va subito se délester de sa sérénité, de sa sobriété, replonger parmi les marais de l’amitié, de la duplicité. Au passage, il perd son épouse, il course à pied un rapide suspect, séquence excitante, sinon brillante, déroulée sur les toits et même en tramway, il survit seul, sans la bienfaitrice Robin, strip-teaseuse amoureuse, peintre improvisée, impossible, cependant lucide, de la chambre ou « chapelle » cadenassée de la décédée, aux murs maculés du sang d’une bien-aimée menacée, de jour armée, de nuit assassinée. Si les types ne déméritent, néanmoins se malmènent et se déciment, Vengeance froide affiche des femmes (in)fréquentables et des actrices complices. L’élégance de Kelly Lynch (La Maison des otages, Michael Cimino, 1990), la grâce de Mary Stuart Masterson (Comme un chien enragé, James Foley, 1986), la saveur de Teri Hatcher (Demain ne meurt jamais, Roger Spottiswoode, 1997) confèrent ainsi aussi au film sa valeur, équilibrent la mélancolie  masculine d’une force féminine toujours tournée vers l’envie, au prix de la vie. Ex-clipeur pourvu d’un cœur, Joanou avec sa caméra ne fait joujou, délivre de manière sincère et modeste un mélodrame doté d’une âme, une histoire de désespoir, de nouveau départ, qui plut peut-être, en dépit d’un insuccès généralisé, critique et public, à James Lee Burke, allez. 

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