La Couleur de l’argent

 

Un métrage, une image : Soul Man (1986)

Ce téléfilm infime demeure donc d’actualité, dans notre désolante modernité, au milieu du mouvement Black Lives Matter, au côté de la franco-française « non-mixité ». Écrit par Carol Black la bien nommée, scénariste cependant blanche, au vu du contexte, il convient pourtant de le préciser, Soul Man connut le succès, consterna un certain Spike Lee, tant mieux, tant pis, irrita là-bas quelques antiracistes, souvent aussi vifs que leurs adversaires vénères pour racialiser la moindre relation (ou production), certes pas pour les mêmes raisons. Découvert hier, l’item de Miner, par ailleurs réalisateur de House (1985), (re)lisez-moi ou pas, traite justement des « relations interraciales », idiotisme américain à faire fissa frémir les républicains « bon teint », aussi « niche » presque « progressiste » du X, et le couple de ciné, puis en privé, de Rae Dawn Chong & C. Thomas Howell mit par conséquent en pratique la question tout sauf rhétorique de leur possibilité apaisée. Fable inoffensive à base de face fardée, de fric confisqué, d’escroquerie à l’université, de culpabilité quasi récompensée, en tout cas pardonnée, James Earl Jones, magnifique et magnanime, ainsi in extremis en décide, puisque l’étudiant en droit disons désargenté, nonobstant à la Bourdieu « héritier », accomplit son mea culpa, découvre les douleurs d’une couleur, en sort grandi, « enrichi », mesure avec justesse les limites de son empathie : il peut illico changer de peau, des vrais Noirs a contrario, Soul Man manie les stéréotypes plutôt iniques, s’en amuse à dessein, ne renouvelle rien, s’avère assez manichéen, aux Blacks l’humain, aux Blancs le mesquin, mention spéciale au proprio pas rigolo du sieur Leslie Nielsen, à sa fifille nymphomane, très portée sur les représentants des supposées « minorités ». Au pays cosmopolite de « l’identité ethnique », cf. le formulaire administratif explicite, corrigé au « blanco » (white out en VO), la comédie sentimentale et raciale dévie in fine vers le vrai-faux film de procès, défense de l’imposteur repentant par son ami sémite assurée, avant qu’une coda de conclusion consensuelle la famille bicolore ne reforme, amen.

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