High Spirits

 

Un métrage, une image : L’esprit s’amuse (1945)

Dans The Ghost and Mrs. Muir (Mankiewicz, 1947), Rex Harrison attendait Gene Tierney « de l’autre côté » ; dans Blithe Spirit (Lean, 1945), il affronte ses deux femmes revenues « d’entre les mortes », amitiés à Boileau & Narcejac, au compatriote Hitchcock (Vertigo, 1958). Le romancier rural veut de « l’invisible », il invite donc à la maison, disons sien « dîner de cons », un médium à la gomme, l’alerte Margaret Rutherford presque « en fait des tonnes ». S’ensuit une « séance » assez risible, agréable gallicisme, de spiritisme à domicile, et revoilà Elvira, pourtant pas Cassandra (Peterson) ni la maîtresse de Montana (Scarface, De Palma, 1983). Au vaudeville vire vite l’au-delà, oui-da, car accident inconséquent, et le métrage dynamique, anecdotique, se transforme fissa en scène de « ménage à trois », comme ils disent outre-Manche ou Atlantique. La « comédie de remariage » à la Clavell, pas à la truelle, (s’)autorise ainsi, pas si en catimini, une sorte d’adultère spirituel, sens duel, où un poilant poltergeist prouve la véracité du dialogue a priori de camisole. Retour de Ruth, revenante vénère, mais aussi de Madame Arcati, qui débusque en la domestique Edith la cause avérée de la hantise dédoublée. Moralité : toujours se méfier, surtout selon le ciné anglais, des vilains valets, pas vrai, Losey (The Servant, 1963) ? Cependant le collaborateur Coward s’attrista de tout cela, ne digéra la modifiée coda, de la triplette des spectres allégés, ensoleillés, réunis, épiphanie d’enfer familier. Réécrite en trio, par Lean, par Neame (L’Aventure du Poseïdon, 1972), ici DP inspiré, à faire enrager les colorés Archers, par le fidèle producteur Avelock-Allan, sa pièce paraît-il plus espiègle se métamorphose en film fantastique, fantaisiste, fataliste, aux effets oscarisés,  insuccès en salle, classique au final. Doté de ses qualités, de ses limites, Blithe Spirit Brève rencontre (1945) anticipe, au script signé idem Noël, (d’)ailleurs acteur pour Collinson Peter (L’Or se barre, 1969), repose sur et réalise le célèbre What if?, préfère à la pudique passion la trioliste dérision, sinon la douce-amère damnation. Flanqué des facétieuses Constance Cummings & Kay Hammond, l’irrésistible Rex, désormais verdi, ne règne, néanmoins sourit…

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