Chiens enragés

 

Un métrage, une image : Dobermann (1997)

On se surprend à sourire assez souvent à cette BD décérébrée, filmée à l’esbroufe avec une caméra Canal+ par Jan Kounen. Sorti mercredi, Dobermann se verrait vite et à tort accusé d’être anti-flic, sinon suspect d’homophobie, mais en vérité subjective il s’agit d’un divertissement inoffensif, signé d’un spécialiste de l’expression plastique, passé par la publicité puis le clip, on le voit, on le devine. Le romancier Joël Houssin s’auto-adapte et ponctue le conflit ad hoc de répliques rigolotes plutôt que portées sur la litote. Tandis que Gaspar Noé, par ailleurs co-producteur, accomplit un caméo mutique de kébab, pendant que Romain Duris, méconnaissable en sniper tsigane, doté d’un dentier, toujours survolté, quasi drogué, très indisposé, s’essuie les fesses au moyen d’une page déchirée des fameux Cahiers du ciné, plan puéril et pourtant plaisant, qui dut satisfaire tous les cinéastes vénères, d’aujourd’hui et d’hier, exécutés en excréments par des critiques merdiques, Tchéky Karyo délivre un irrésistible numéro de commissaire facho, faible euphémisme, dont le machiavélisme assumé in extremis finira contre lui par se retourner, remarquez le châtiment du moraliste, némésis défigurée, trépassée en spectral POV, presque à la Enter the Void (Noé, 2009) ou en Blueberry (l’expérience interdite, Kounen, 2004) aussi, ordure parmi les ordures, amen. Douze années après le Mickey (dé)masqué de L’Amour braque (Andrzej Żuławski, 1985), l’acteur incontournable compose un « gestapiste » sadique et intrépide, camé à la coco comme il faut, il menace la famille du comparse, travesti et balance, il promet en plus à la complice du braqueur renommé, à « tête de camé », de vite la violer. Si le casting masculin s’amuse à endosser des silhouettes en 2D de pantins, d’obsédés, Monica Bellucci, Laura Mañá et Florence Thomassin, si éloquentes en silence, ne déméritent en vain.

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