La mariée était en noir

 

Un métrage, une image : Noces sanglantes (1980)

Les pénibles spécialistes, a fortiori féministes, affirment le « genre » du slasher misogyne et conservateur : des femmes s’y font en effet massacrer, de préférence en train de troquer leur virginité, à l’écart du certificat municipal ou du serment sacré. He Knows You’re Alone leur donne tort encore et renverse la perspective, puisque l’assassin en série se soucie cette fois-ci, en raison d’une déraisonnable jalousie, d’occire celles qui se marier désirent. Pas de puritanisme, donc, pas même par procuration, ni de sexisme à l’horizon, car Carlton envers ses homologues ne se montre économe. Commencé en mode méta, par conséquent au cinéma, mise en abyme d’imagerie guère magnanime, en rime au speech réflexif, à proximité d’un train hanté de fête foraine proféré, par un débutant dénommé Tom Hanks, résumons, inoffensivité satisfaisante du frisson, assimilé à un trip, chic, le film assez soigné, assez réussi, du méconnu Armand Mastroianni, se clôt en boucle bouclée, la robe immaculée de la principale intéressée, combattante condamnée, à nouveau va être tachée. Auparavant vont se croiser un policier endeuillé, obsédé, un futur marié allant accompagné sa vie de célibataire enterrer, un adultère professeur d’université, de psychologie aussi, un ex amusant, insistant, à la morgue de nuit bossant, le directeur et tailleur d’un magasin de vêtements, sans omettre une étudiante à domicile, indocile, une amie mélomane, envapée, décapitée + la spectatrice apeurée, par la projection, par la réalité, puis à travers son fauteuil poignardée, à côté de sa copine croqueuse de pop-corn préférée, devant l’écran prenant son pied, de l’introduction précitée. N’en déplaise aux doctes myopes, Noces sanglantes rien ne dénonce, surtout pas une sexualité sexuée, a priori émancipée. Davantage qu’un pillage de La Nuit des masques (Carpenter, 1978), en dépit de sa partition presque pompée, il s’agit d’un mélodrame du mariage, comme il existe une comédie du remariage, Capra ne me contredira. Porté par une héroïne attachante, hésitante, beau boulot de l’actrice complice Caitlin O’Heaney, ce titre insolite dépeint des types possessifs, intrusifs, malheureux, dangereux, incompétents, impuissants, des mecs trop tard écoutant, croyant, comprenant...

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