Salut cousin ! : (Re)découverte d’Ahmed Malek

 

L’indépendance plutôt que la distance et la mémoire en miroir…

Avant que la bêtise ne vous submerge, que la laideur ne fende votre cœur, que la tristesse ne vous envahisse, venez vite (re)découvrir les thèmes très estimables de l’amical Ahmed Malek. Flûtiste instrumentiste comme Morricone, explorateur électronique et mélodiste inné à la François de Roubaix, artiste de son temps et encore de maintenant, sa musique néanmoins à lui seul appartient, personne ne s’en plaindra, en tout cas pas moi. Puisque Musique Originale De Films, l’anthologie jolie de Jannis Stürtz, et Planet Malek, le documentaire dépourvu de poussière de Paloma Colombe, s’avèrent disponibles en ligne, je vous invite à l’écouter, à le visionner, je remercie au passage ces passeurs précieux, bravo à eux deux. L’auditeur lecteur pourra en plus parcourir les articles en diptyque de Jacques Denis & Bastien Stisi, qui esquissent en creux le parcours aussi populaire qu’expérimental, reconnu et aventureux, d’un compositeur majeur, désormais à moitié oublié, dommage, d’où nos hommages. Surtout actif durant les années soixante-dix, sa contribution d’exception au cinéma souvent algérois comporte une vingtaine d’opus créés à l’occasion, à l’unisson, de titres ici invisibles, ou non vus disons, nous le regrettons, nous nous limiterons donc au clin d’œil de l’intitulé, au film homonyme de Merzak Allouache adressé. Si les notes ad hoc d’Ahmed Malek séduisent aussitôt, elles le doivent bien sûr à leur évident brio, celui démultiplié de la composition, de l’orchestration, de l’exécution, à leur capacité intacte à instaurer une sensation et une émotion. Drolatiques ou dramatiques, diurnes ou nocturnes, existentiels ou sensuels, parfois tendus et toujours bienvenus, ces beaux morceaux urbains, au sens duel du terme, convivial et municipal, s’orientent en vérité, voici leur unité, puisée à la pluralité des styles et des tonalités traversés, vers la vie, la célèbrent à l’instant même, donnent envie de respirer, de s’aérer, de s’accorder, voire de s’accoupler. Il s’agit ainsi d’une sorte de symphonie citadine, latine, d’un oriental poème musical, pardon du pléonasme, à des années-lumière du cynisme et du despair, les maux amnésiques de la médiocre modernité, malheureusement des deux côtés de l’amère Méditerranée. Homme mutique et cosmopolite, mec à contrastes, Ahmed Malek carburait au ludique et au mélancolique, envisageait avec virtuosité des instantanés d’hier et d’aujourd’hui, une visite de sa ville au ciné, d’une Algérie apaisée. Ni héroïque ni nostalgique, il sut en sut musiquer sa fifille bien-aimée, adulte émue devenue, au moyen du lyrisme en mouvement d’un item son prénom portant. Sur la photographie de famille placée au-dessus de cet article, il ressemble presque au samouraï de Melville, mais nulle once de solitude suicidaire chez ce créateur chic et cher.   

Commentaires

  1. Hénia « grâce de Dieu » émouvante porte-parole du souvenir spirituel de son père...
    "La flute c'est grave !..."
    Merci pour la très belle découverte de ce documentaire et le partage des liens explicites ainsi que votre texte en hommage élégant.
    Le bruit du klaxon du marchand de glace retravaillé n'est pas sans évoquer à mes yeux la nostalgie lumineuse et mélancolique des films de Guy Gilles,
    "Au biseau des baisers, les ans passent trop vite"...
    On gagne l'indépendance mais peut-être jamais celle des souvenirs,
    de son histoire...
    https://www.youtube.com/watch?v=qTSXdVYYw3I

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    1. https://lemiroirdesfantomes.blogspot.com/2016/03/casanegra-les-nuits-fauves.html

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