I, Robot

 

Un métrage, une image : Daft Punk’s Electroma (2006)

Plus d’une trentaine d’années après le déjà languissant La Cicatrice intérieure (Philippe Garrel, 1972), vous revoici à errer au désert, souvent mystique et assez suicidaire. Exit Nico, place à Daft Punk, ou plutôt à deux doublures presque en armure. Fable affable au sujet de l’uniformité, du conformisme casqué, pour le masqué, cf. notre contaminée modernité, Daft Punk’s Electroma résonne en surface à l’unisson du Gerry (2002) de Gus Van Sant, prédécesseur idem ensablé, à déguster ou à esquiver en exercice de patience cinéphile. En profondeur, certes sans grande surprise et pourtant pas sans cœur, doté d’une insouciante sincérité, écrivons, filmons, de la réception évitons de nous soucier, il matérialise une polysémique « traversée du désert », locution nominale notamment applicable à l’amitié masculine ou à l’univers des disquaires. Avec une cohérence d’évidence, une logique symbolique tragi-comique, l’estimable tandem de musiciens invisibles, de Paul Williams & Giorgio Moroder amateurs, admirateurs, décida d’illustrer, on le sait, en février dernier, sa séparation via un extrait de façon rétrospective prophétique. Quinze ans avant, le ver visitait le fruit, l’essai sonorisé, escorté d’une playlist hétéroclite, oui ou non classée classique, à Sébastien Tellier le compatriote clin d’œil inclus, témoignait de tendances suicidaires, accomplissait une combustion nocturne à la suite d’une explosion solaire. Si l’humanité ne se résume au latex qui laisse autrui perplexe, instantanément menaçant, au large, la marge, si les mainstream péripéties paraissent essorées par le désir de décès, fin définitive de la fiction, ensuite de l’association, il demeure à démultiplier l’immobilité d’un véhicule cadré de trois côtés, à dupliquer la destruction décomptée du compagnon a priori désespéré. À l’opposé du nostalgique et lyrique Interstella 5555: The 5tory of the 5ecret 5tar 5ystem (2003), supervisé par Leiji Matsumoto, autre item de mise en abyme, d’asservissement, d’épuisement, ce troma atteste d’un trauma minimaliste et encore créatif.

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