Les nains aussi ont commencé petits
Un métrage, une image : The Terror of Tiny Town
(1938)
On se souvient que le fabuleux Freaks
(Browning, 1932) connut quelques tracas de réception, de remontage, pour la
MGM, dommage, tandis que le The Terror of Tiny Town de Newfield
& Buell se vit distribué sans souci et en sus avec un certain succès par la
Columbia, bravo, les gars ; autres temps, autres mœurs, cependant tandem sorti à la veille d’un double
malheur, celui de la prise de pouvoir par Hitler, celui de la mondiale Seconde Guerre.
Impossible à (re)produire aujourd’hui, en pleine période du politiquement
correct abject, du communautarisme à tout crin (de poney), de la vaseuse victimisation, ce titre s’avère assez
sympathique, voire curieusement émouvant. Parler à son sujet de « cinéma
d’exploitation » relève du truisme à la con, surtout en système
capitaliste, au vampirisme cynique de « ressources humaines » et
naturelles, car le cinéma qui n’exploite pas n’existe simplement pas. Il
demeure toutefois une différence fondamentale entre un exploitant et un
exploiteur, et ce western presque
musical, jamais bancal, n’exploite personne, traite chacun et chacune à hauteur
d’homme (petit, oui) et de femme (tout sauf infâme, démunie de charme). N’en
déplaise à la rance bien-pensance, à la mauvaise bonne conscience, US ou de
France, dont le masque admirable d’humanisme (autopro/ac)clamé dissimule en
réalité le visage dégueulasse du moralisme eugéniste, on va vous apprendre à
penser, à créer, à voter, à copuler, cachez ces images d’outrages, cette
individualité de point de vue, ou gare au scandale, à l’ostracisme sélectif et
collectif, le récit joli de clanique et machiavélique conflit n’effarouche que
les saintes-nitouches, le roman d’amourette en mode Roméo & Juliette ne
mérite de bondir aux oubliettes. Ni Pour une poignée de dollars
(Leone, 1964) ni Bugsy Malone (Parker, 1976), certes
délesté de la beauté, de la cruauté, de la lucidité, de la radicalité de La
Monstrueuse Parade précité(e), l’ouvrage soigné normalise le nanisme et
constitue, par conséquent, un innocent divertissement, doté d’un casting choral attachant.
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