J’ai faim !!!
Un métrage, une image : The Forest (1982)
Enfin un film différent du côté de Friday
(the
13th, Cunningham, 1980), puisqu’ici le survival forestier s’avère in
fine un antidote au divorce, inclut du cannibalisme et affiche des enfants
défunts, donc doublement fantomatiques. Opus
de couples sur la route, en déroute, The Forest prend acte de
l’indépendance des femmes des années 80, Sardou le savait bien, montre un homme
au tibia cassé en train de
désespérer, de pleurer, décrit une infidélité répétée, en partie productrice
d’insanité. Mais comme le dit à juste titre l’ermite troglodyte, presque Norman
Bates dixit, « Nous sommes tous
cinglés », yes indeed. Alors
l’ogre à barbe blanche et casquette rouge, à gros couteau de giallo, nous
parait familier, sa monstruosité miséricordieuse ; il n’assassine par
sadisme, à seule fin d’assouvir sa faim. La quasi
capitale irrespirable, immobilisée, enfin quittée, Charlie & Teddi, Steve
& Sharon, l’affrontent fissa, parmi les sombres bois. Guère dégueulasse, la
chasse bénéficie du beau boulot du directeur photo et de l’évocateur
environnement, capturé à bon escient. Ni Délivrance (Boorman, 1972) ni Scènes
de la vie conjugale (Bergman, 1974), The Forest affirme un
féminisme soft et un fantastique
infantile. John dégomme sa moitié sur la table de chevet, fuit dans la forêt,
ne peut supporter le suicide en stéréo des gosses par leur mauvaise mère
maltraités, désormais malades et déprimés. Celle-ci revient aussi, paraît les
chercher, peut-être ou pas pour se faire pardonner. Toutefois Jennifer &
John Jr. s’évaporent, disent adieu aux deux survivants se retrouvant,
s’étreignant, menaçaient leur papounet à présent trépassé, à son tour poignardé,
par la main du destin au féminin, de le laisser à sa solitude, à sa finitude.
Avec son caméo de forest ranger, avec tout son cœur, le
réalisateur réussit ainsi une aimable moralité méconnue, financée avec l’argent
de sa maison vendue, méritant d’être reconnue. PS : la scène de meurtre en
trois temps, très hitchcockienne, associe le risible et le sublime…
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