Dolls
Un métrage, une image : Barbe-Bleue (1944)
Perrault & Dmytryk (Barbe-Bleue,
1972) ? Plutôt le Poe du Portrait ovale, voire le Powell du
Voyeur
(1960). Les « féminicides » à profusion a fortiori les féministes
effaroucheront, mais jamais de misogynie ici, au contraire, car le cher Ulmer
ne magnifie ni n’absout son assassin artiste, n’esquive la terreur des
victimes, cf. la scène du supplice de Francine, femme flic en costume (d’époque)
miroitée, fissa étranglée par une cravate identifiée en français, retrouvée sur
le lieu du crime et bien sûr ensuite dans Frenzy (Hitchcock, 1972).
Cependant nulle trace de sadisme sexuel chez le marionnettiste triste, meurtrier
rancunier incapable de dépasser un trauma
sentimental de jadis paupérisé altruiste, pardon du pléonasme. Tournée en moins
d’une semaine, avec des bouts de ficelles (de pantins faustiens), des toiles
peintes, une modeste maestria du maniement de la caméra, bénéficiant de la
double présence experte d’Eugen Schüfftan, DP de clarté, d’obscurité, la même
année au turbin sur C’est arrivé demain (Clair, 1944), et
du longiligne, fragile et solide John Carradine, la fable à la fois effroyable
et affable, basée sur un scénario de l’acteur Pierre Gendron, matérialise le
dilemme un brin baudelairien de la boue et de l’or, mon médiocre trésor. L’idéalisme
déçu, de maudit malentendu, prostituée sauvée dotée d’un regard « surnaturel »,
aussitôt prise pour/comme modèle de la Pucelle, autorise à l’insanité, incite à
de toutes se débarrasser, à la Seine les ensevelir, suaire d’hiver, de justice in extremis,
auquel accéder par les égouts du Fantôme de l’Opéra de Gaston Leroux.
Si la sinistre série semble dérisoire du désastre mondial en regard, parallèle
repris par La Nuit des généraux (Litvak, 1967),
elle carbure à la compulsion, à l’élection, à la répulsion, au cynisme du
commerce, au romantisme de la détresse, sinon l’inverse, cruel Détour
(1945) de l’amour.
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