Cargo

 

Un métrage, une image : Poids mort (2016)

Téléfilmée, anémiée, inter-minable, la co-production entre la Finlande et l’Allemagne paraissait présager le pareillement raté Ceux qui travaillent (2018) d’Antoine Russbach, gros mélo franco-belgo-suisse, oh hisse. Avant le cadre déclassé, dessillé, déprimé, voici le spectateur sommé de s’intéresser à un capitaine pris(e de tête) dans une tempête capitaliste et syndicaliste. Sa sombre solitude reposant sur du rien, il l’affiche face à son solidaire équipage de Philippins, bosseurs et sereins. Secondé par une dame, signe des temps, quota  te voilà, le marin malheureux, taiseux, insomniaque, patraque, appelle un proche, papote peut-être de son sien gosse, constate que la pression, avec ou sans autorisation, surtout de cargaison, s’avère vite moche. L’accidenté emballé, disons dissimulé, au sein d’un body bag à la Carpenter, mon cher, que lui reste-t-il à faire ? Répondons à notre rhétorique question : il lui faut se faufiler à la fin, au féminin, de l’interrogatoire mené par Jeanne Balibar, pièce rapportée d’inspectrice spécialisée, parlant de son grand enfant, bis, en anglais approximatif, il lui faut assister à une cérémonie jolie, au christianisme classé ethnique. Il lui faut, a fortiori, en définitive, in fine, ouf, (dé)former ses successeurs en uniforme et en sueur, à l’intérieur d’un mobile simulateur. En vérité, on se contrefout fissa de sa destinée, de son CV, de son drame professionnel et personnel, illico maquillé en suicide à cause de l’assurance, du fric à filer à la femme endeuillée. Par son absence de regard, par son indigence de récit, par son comportementalisme à la limite de l’autisme artistique, plutôt que du modélisme médiéval, rétif à l’effusion, non dénué d’émotion, de Robert Bresson, cet exercice exsangue symbolise un simulacre de ciné très subventionné, aussitôt pensé pour être ensuite ou presque en simultané télédiffusé, en festival affiché. Hors un karaoké okay, l’item mérite donc de couler.      

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