Des femmes disparaissent

 

Un métrage, une image : Mars Needs Women (1967)

Pourvu d’un titre programmatique, presque poétique, a fortiori euphonique, Mars Needs Women s’apprécie en raison de sa dimension satirique, de sa mélancolie implicite. Pragmatique plutôt que cosmique, l’argument se résume à la survie d’une civilisation, au ravissement in situ puis à la congélation d’occasion de spécimens terrestres, afin d’infléchir une fatidique déficience génétique. On le voit vite, ce film inédit en salles, assez paupérisé, donc d’images d’archives parsemé, trame une moralité sexuée, renforce in fine son féminisme soft, se focalise sur de fortes figures d’américaine culture, artiste en plein air, hôtesse de l’air, reine universitaire, strip-teaseuse le dos à l’air et, last but not least, scientifique qui connaît son affaire. Rendu maître de la mission et de la situation, l’amour « interracial », comme on ose dire outre-Atlantique, mène in extremis la danse, esquive la souffrance, le viol d’envahisseurs à la David Vincent et même l’insémination stellaire, funéraire, à la Inseminoid (Warren, 1981). Car comment résister à l’aura de Mademoiselle Yvonne Craig, Batgirl de Batman de TV, devant s’imposer face aux plaisanteries salaces, à l’incrédulité costumée, à la misogynie polie, d’un aréopage de types moqueurs et peu sympathiques ? Poète dépressif de planétarium davantage juvénile, tout autant attristant, que celui de La Fureur de vivre (Ray, 1955), Kirk, envoyé déguisé, point capitaine de Star Trek ni Martien wellesien, clin d’œil inclus, bienvenu, la comprend et s’en éprend, attraction pas concon, réciproque, pas en toc, des astres à défaut du désastre. En douceur, pas d’apesanteur, dotée d’un ludisme jamais cynique, cette SF de jadis la cravate critique et sa virilité cristallisée, encaustiquée, condamnée, prophétise l’extinction d’une nation et par extension d’une domination, évidemment masculine, affirment les féministes, au-delà des finissantes sixties. Certes lestée d’un style télévisé, voici une estimable histoire d’amour préparant le terrien terrain au Starman (1984) de Carpenter...

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Les Compagnons de la nouba : Ma femme s’appelle Maurice

La Fille du Sud : Éclat(s) de Jacqueline Pagnol

L’Enfer d’Henri-Georges Clouzot : Le Trou noir